Souvenirs

La constellation de la grande Ours brillait d'un éclat imparfait, certaines étoiles prenaient le dessus sur leurs consoeurs. Misha observait cet empêtrement irrégulier de points lumineux. Assise sur un banc dans la nuit sans Lune, elle se souvenait.

Elle se souvenait des jours passés, des nuits d'oubli et des plaisirs de la vie. Le simple fait de ne pas se réveiller seule dans son lit au petit matin, de partager ses repas avec autre chose que sa solitude et le soir avoir quelqu'un à serrer contre sa peau nue.

Elle se souvenait la caresse d'une brise chaude soulevant une mèche de cheveux alors que deux bras entouraient sa taille. Des lèvres passionnées contre les siennes, emprisonnant un souffle de vie, de désir et d'amour.

Elle se souvenait de ces paysages si beaux qu'elle aurait aimé savoir peindre. De la neige immaculée sur un parc silencieux aux jeunes pousses printanière pointant timidement leurs pétales dans le Monde.

Et là, sur son banc froid, elle regrettait la chaleur qui émanerait d'un corps à désirer. A l'intérieur de la maison derrière elle, deux bambins dormaient tranquillement. Ses fils commençaient juste à profiter de nuits entières de sommeil et elle pouvait enfin souffler. Ses journées étaient rythmées autour de leurs besoin. Elle avait peine à s’occuper d’eux seule et la nourrice de confiance qu’elle avait engagé ne venait qu’une fois par jour pendant trois heures, un relais plus symbolique qu’utile pour la jeune mère.

Misha avait loué une maison dans Londres, ses ressources étaient au plus bas, bientôt il faudrait qu’elle travaille pour pouvoir payer le loyer. Elle avait décidé de rester un an en Angleterre avant de retourner en Egypte, pays qu’elle avait désormais adopté. La jeune fille n’avait pas voulu retourner dans sa chambre, à Poudlard. Trop de souvenirs, trop de tristesse.

Garder une activité moldu la rassurait et lui permettait de se détacher des dangers du monde magique. Elle voulait pour ses enfants une vie digne d’être vécue. Ils étaient maintenant sa raison de vivre et chaque plaisir qu’ils lui offraient se décuplaient dans son cœur. Nathan souriait beaucoup mais Flint était plus câlin. Deux particularités, deux amours différents.

Son souffle exhalait un nuage de vapeur d’eau, invisible grâce à l’obscurité. Les nuits de Londres étaient vraiment fraîches!

L’épaisse fourrure ondulait sous le trottinement perpétuel de l’animal. La lune était bien haute dans le ciel et illuminait le chemin d’Asarius, le guidait vers d’anciennes mémoires. Le loup qu’il était pistait l’odeur de plus en plus forte de celle qu’il voulait voir, qu’il devait voir. Depuis quelques heures il se rapprochait, bien qu’il le sentait à l’odeur, il le sentait encore d’avantage dans son cœur. Cœur si cruellement troublé et déchiré. Il avait accompli l’impossible en éliminant Lord Voldemort et pourtant s’était une plus mince consolation qu’il l’eu cru. Asarius commençait à croire qu’il ne surmonterait jamais toutes ses épreuves. À chaque fois qu’il se débarrassait d’un poids, un autre venait l’écraser. Aujourd’hui son fardeau ne risquait pas de le tuer, mais il était encore plus souffrant. Être prit entre deux personnes ayant des sentiments contradictoires si puissants qui déchiraient l’être en deux et le morcelaient en petits morceaux tel le gravier qui jonchait le sol sous ses pattes de loup.

La nuit était belle, le ciel découvert. Les étoiles l’accompagnaient dans son périple. Bien qu’il fut toujours accompagné, sois par le soleil sois par la lune, jamais Asarius ne s’était senti si seul que durant son voyage de retour. Il le sentait, quelque chose de grave allait bientôt se passé, mais s’il devait, y faire face il ne voulait pas être seul, il ne le supporterait tout simplement pas. Toutes ces années, il avait été seul…si seul…il était temps de laisser entrer quelqu’un dans sa vie, quelqu’un qui le supporterait dans toutes les situations. Il tenait à Maïna certes et ce qui s’était passé entre eux, était inexplicable, bien que peut-être irréfléchi. Une passion soudaine, comme un feu de paille…L’aimait-il vraiment ou était-ce seulement un acte unique qui ne se reproduirait jamais? D’un autre côté, il y avait Misha…Jamais il ne l’avait plus revu depuis cette fameuse nuit ou il était tombé dans le coma. Il se rappelait lui avoir donné cette lettre, la lettre dans laquelle il avouait ses sentiments. Jamais il n’avait su sa réaction…Mais il le sentait au fond de lui, elle ne l’aimait probablement pas comme lui l’aimait elle. Il le savait et l’avait toujours su. Son cœur avait été conquis irréversiblement par Junior. Mais ce dernier était mort aux mains de Nemesis…Il avait changé, il n’était plus l’homme qu’elle avait aimé…Pourtant, toute personne à droit à la rédemption et Asarius était le mieux placé pour le savoir. La vision de Misha qu’il avait au travers des yeux de son aigle avait réveillé en lui des sentiments qu’il avait cru à jamais enfouis. Il était inutile de résister et de se battre. Il avait fait cela toute sa vie, toute résistance était désormais inutile. D’autant plus que se profilait quelque chose d’horriblement terrifiant à l’horizon. Chaque personne sur terre devait le ressentir…Asarius aurait besoin de toute l’aide dont il pourrait disposer pour sauvegarder ce qui lui était cher. Pour se faire, il devait mettre au clair une bonne fois pour toute ce qui n’allait pas chez lui, et déterminer ses véritables sentiments et ceux des autres.

Asarius déboucha sur une rue adjacente. Plus loin les arbres laissaient place à un quartier populaire. Un vaste pont faisait figure d'arrière plan au décor. Les étoiles et la lune dispensaient une douce lumière blanche. Au travers les feuilles et des branches il l’aperçu assise sur un banc, douce comme la nuit et belle comme le jour. En quelques secondes, le loup passa sous forme humaine et Asarius enleva la capuche dont il se couvrait la tête. Une vingtaine de mètre les séparaient encore. Il pouvait ressentir d'ores et déjà la douce aura chaleureuse de celle qu’il avait tant aimée et aimait encore. Pourtant, il le ressentait plusieurs événements semblaient avoir affecté la jeune femme au point de l’avoir un peu fané de la vie. Il y avait une si grande différence entre la jeune femme qu’il avait vu entrer dans l’école pour Aurore il y avait de cela un an, et la sous ses yeux se tenait une femme éprouvée par les hasards de la vie…Tout comme Asarius l’était. Alors qu’il allait s’avancer pour la rejoindre une douleur si aiguë qu’il en perdit l’usage de ses jambes instantanément le terrasse. Il s’affaissa sur le sol et s’efforça de ne pas crier. Il mit la main sur un bout de bois jonchant le sol et le mit entre ses dents. Il risquait de se blesser gravement la langue prit de si grande douleur et de spasmes. Aussi vite que la crise était apparue elle se dissipa. Asarius se releva. Il commençait à s’habituer à ces crises. Depuis son combat avec Voldemort il en avait été affligé de plus en plus souvent. Le magicien releva sa manche et s’aperçu que désormais tout son bras jusqu’à l’épaule était gagné par il ne savais qu’elle maléfice. Ses veines étaient noircies, et Asarius perdait de plus en plus l’usage de son bras droit. Il inspira et remercia Dieux que Misha n’est rien entendu de ce qui s’était passé.

Il remit ses vêtements en état et marcha vers la fin du sentier et écarta les branches de son chemin. Arrivé derrière le banc, assez prêt pour que le subtil parfum de Misha emplisse son cœur, il murmura, pour ne pas gâcher l’aspect douce de cette nuit :

- Bonsoir…

Voilà des jours qu’il la cherchait. Je pouvais ressentir ce mélange d’amour et de haine qui émanait de lui, la puissance conjugué de ses deux Némésis était effrayante, j’avouais volontiers avoir peur, peur de ce qu’il était désormais capable de tout. Avec sa puissance, les règles pour lui n’était pas les même que pour un sorcier ou un moldu de base, le terme impossible n’avait plus de sens.

Il finit par la trouver, en plein Londres. Malgré le temps je pouvais sentir que son amour pour elle ne s’était pas tari. Je ne savais pas que l’on pouvait aimer à ce point. L’amour pouvait donc être une force, plus puissante que la destruction pure d’après de ce que j’apercevais, que je contemplais.

Il semblait s’accommoder parfaitement de ne pas avoir de baguette. Comme si l’instinct le guidait, c’est cela, il n’était plus qu’un chien fou à la recherche de sa promise. Il était à un niveau au dessus de la légilimencie. Il pouvait percevoir les âmes, les différencier, les connaître et les reconnaître. Personne ne pouvait lui échapper dorénavant.

Lorsque il arriva près du parc, il sentit deux âmes. L’une qu’il reconnu, l’autre qu’il aimait. L’un importait peu, l’autre importait trop.
Il arriva à destination, il l’a vit, toujours aussi belle quoi qu’un peu fatigué assurément, assise sur un banc. Essoufflé, il émit un gémissement plaintif. Sans s’en rendre compte il rentra dans son esprit, pour savoir ce qu’elle avait vécu durant sa trop longue absence. Il vit des choses.

Mais c’est lorsqu’il rentra dans son souvenir du mariage d’un certain Grynfawld, qu’il pu voir qu’elle l’aimait. L’avait elle si facilement oublié ? Lui qui avait tout sacrifié pour elle ? Jusqu’à son âme, jusqu’à perdre son corps ! Il lui avait suffit de quelques mois pour qu’elle tombe chez le premier fils à papa voyageur du coin ?

Déception, désillusion, tristesse, chagrin, rage, haine, je pouvais ressentir ce bouillonnement d’énergie et de sentiments. Il se sentait réellement bafoué, humilié, déçu. Dire qu’elle s’était imaginé le voir, pour se rassurer, accepter d’en aimer un autre. C’était facile, lâche.

Il hurla, se tenant à nouveau la tête. De chaudes larmes déferlaient de ses yeux redevenus verts. Elle se tourna et le vit. L’avait elle reconnu derrière ce nouveau corps ? Lui avait reconnu l’imbécile qui se trouvait à coté d’elle. Encore un homme pour qui elle ressentait quelque chose, encore de nouvelles trahisons…

D’un geste il lui lança un sort sans forme. Il le fit pendre en l’air, tenu au cou. D’un autre, et sans réfléchir, aveuglé par une haine féroce, il tua Misha.

Son corps retomba lourdement sur le sol.

BOOM…

À plat ventre, les cheveux s’étalant, le sortilège de mort l’avait atteint en pleine poitrine. Il venait de tuer celle qu’il aimait, et quand sa haine fut éteinte, il comprit. Il comprit le chagrin qu’elle avait du éprouver en élevant ses deux avants seuls. Il comprit le désespoir qu’elle avait du ressentir à sa mort, à sa nouvelle mort.
Il hurla à nouveau, à genou devant celle qu’il avait tué, celle qu’il avait tant voulu revoir. D’un geste de haine il envoya voler l’imbécile à travers les bois. Puis souleva le corps inerte de sa promise. Je sentis alors que son aura faiblissait, et je repris le dessus. L’expulsant.

-Va Junior, rejoint celle que tu aimes. Aujourd’hui j’ai autant appris qu’en affrontant mon père.

Je pouvais sentir les deux âmes s’effacer. J’emportais le corps avec moi avant de disparaître.