-DIMITRI!!!
Quel étrange sentiment que de revoir son visage, je ne sais que penser et reste comme un pantin alors qu'elle me serre dans ses bras. Je caresse d'un geste tendre ses douces boucles blondes et sourit doucement. Je constate, étonné, qu'elle a grandi et qu'elle gagne chaque jour en beauté comme un père s'extasierait devant sa propre fille. Tout d'un coup, je la soulève de terre et la porte à mon cou puis je tourne sur moi-même et son rire en cascade fait de moi, un unique instant, le plus heureux des hommes.
-Faïna! Ma petite, toute petite Ina. Comme tu as manqué à ton frère!
-Faïna a beaucoup grandi en ton absence Dimi, elle attendait ton retour avec impatience. Et elle n'était pas la seule ici.
Je regarde avec surprise Taïssia comme si je la découvrais à nouveau. Elle aussi a changé, ou peut-être est-ce simplement ma mémoire qui me faisant défaut avait occulté une partie de sa perfection. Je n'ose m'approcher d'elle tant je suis subjugué mais elle ne semble pas avoir de crainte. Elle se love entre mes bras comme autrefois, y trouve sa place comme toujours et sans même m'y attendre je l'embrasse.
Des flash me viennent, Catarina... je la revois, son odeur mélangé à la mienne, sa peau contre la mienne, sa beauté si différente de celle de Taïssia et comme pour me défaire de mes fantômes j'embrasse Taïssia avec encore plus de ferveur. Je joue avec ses mèches brunes, serrant sa taille fine et sa peau si blanche, ne parvenant qu'avec une extrême difficulté à me défaire de ses lèvres d'un rouge parfait.
Je redécouvre mon monde avec des yeux qui ne m'appartiennent pas et une surprise qui m'est propre. Etre là simplement entre les deux femmes que j'aime et oublier le reste...seulement je sais que si j'ai fui c'est qu'il y avait une raison.
Je vois la directrice, à la fois mère des orphelins que nous sommes et médecin des infirmes des sentiments que nous représentons. Je lui souris sans grande conviction, voulant conserver ma méfiance et oublie tout de cela lorsqu'elle me prend dans ses bras et que ses larmes mouillent mon cou.
Le poids des remords pèsent sur mes épaules et je me retiens avec peine de pleurer. Là je revois les visages de ceux avec lesquels j'ai grandi, là ceux avec qui hier je me suis battu...Ici est un monde en marge, une parenthèse dans notre société, où bien à l'écart des gens normaux, des gens biens...vivent les fous.
Je ne sais plus réellement que penser, que croire. Et le pardon vient-il un jour? Faut-il se priver de ce que l'on aime pour comprendre leur importance? ...mais ai-je encore seulement ma place ici? Mon esprit vagabonde et me voilà là dans cet autre endroit, au milieu de ce silence, les murs glacés du donjon que je me suis construit entoure mon esprit alors qu'à chaque respiration j'intensifie mon obscurité.
Doit-on apprendre à vivre seul?
Les caresses de Taïssia m'offrent une réponse que je ne parviens pas à comprendre mais qui à le mérite de me sortir de mon sombre tunnel comme elle seul sait le faire.
Infime pause de tendresse dans mon temps, infime tâche de bonheur sur le mur de ma vie.