Atmosphère

" Pom Pom Pom Pom "

Grynfwald était parti à la recherche de livres, pour parfaire sa culture générale. C'était l'après-midi. Il avait dormit tard dans la journée, à cause de sa rencontre avec l'elfe, l'autre nuit. Il se rendait d'un pas allègre, oubliant les lourds soucis de la vie. L'après-midi était radieuse et le soleil rentrait à flot par les fenêtres. La nature semblait lui faire fête. Il s'étira, bâilla, et arriva devait la porte de la bibliothèque. Il en poussa légèrement la porte. Elle tourna silencieusement sur ses gonds. Les stores des fenêtres étant baissés, le noir et le silence de cette pièce contrastaient avec dehors, comme si le temps s'y était arrêté. Il en aima tout de suite l'atmosphère qui s'en dégageait, cette douce odeur de poussière et de livres moisis. Il sourit et pénétra à l'intérieur. Ses yeux s'habituèrent lentement et il aperçut une jeune fille. Il concentra son regard et eut un choc.

C'était elle. La fille du Mangemort. Une chandelle éteinte, posée à son côté fumait encore, et répandait une douce odeur, tel un encensoir de l'ancien temps. Elle paraissait perdue dans ses pensées et chuchota un nom d'une voix lasse et triste : " Junior... " Grynfwald fut ému par la beauté de cette scène. Il ferma les yeux et les rouvrit. La jeune fille était toujours là, comme dans un rêve. Une soudaine envie de pleurer le prit. Une vague sensation de chaleur s'empara de son corps, bientôt remplacé par un sentiment de gêne. Il toussota.

Elle ouvrit lentement les yeux, comme tirée d'un doux songe. Elle lui sourit. La gêne de Grynfwald redoubla. Il se balança d'un pied sur l'autre t tripota nerveusement une mèche rebelle. La fille ne semblait pas disposée à parler. Il se lança dans une phrase hésitante, les larmes lui venant aux yeux. Il avait l'impression d'avoir gâché un moment de bonheur.

" Heu...j'espère que je ne vous dérange pas trop. Je...je suis un nouvel élève et je désirais consulter des livres. Mais...euh...si je vous dérange, je peux partir... "

Ses rêves chevauchaient, crinière au vent, dépassant sa capacité de compréhension d'une longueur au moins. Ils tournaient autour de divers sujet mais le plus fort était toujours Nemesis, enfin Flint, maintenant qu'elle avait appris son nom.
L'idée d'avoir un bébé et des responsabilités que ca entrainait inquiétait Misha si bien qu'elle ne remarqua ni la chandelle qui se consummait doucement mais surement et l'intrusion d'un étranger.
La jeune fille n'était pas d'humeur de s'enerver, elle lui sourit doucement, accueillant avec plaisir un peu de présence humaine, faite de chair et d'os.
Elle marqua un temps avant de répondre, il fallait que son esprit, tel un berger, regroupe ses rêves et les rentre dans l'étable.
Enfin, sa voix se fit entendre faible mais présente:

-Non, tu ne me déranges pas, au contraire, entre, ne reste pas là, je ne pense pas que les livres apprécient les courants d'air plus que moi.

Elle pointa sa baguette sur la chandelle qui d'un coup, reprit vie, éclairant le visage de Misha partiellement. Elle prit son livre et se dirigea vers une étagère, dans le but de le ranger.
Cherchant des yeux l'emplacement, elle lui demanda:

-Je pense que nous présenter faciliterait les échanges. Je m'apelle Misha et ...Sacré non de nom! Enfin je te tiens!

Le jeune homme sursauta, était-ce à lui qu'elle parlait? Misha revint s'assoir à la table avec un immense sourire sur les lèvres, un livre que l'on pourrait apparenter à un pavé dans la main.

-Désolée, ca faisait longtemps que je le cherchait. C'est quoi ton nom déjà?

« Désolée, ça faisait longtemps que je le cherchais. C'est quoi ton nom déjà ? »

Il avait eu peur un moment. Il fut rassuré, mais pas complètement. Elle parlait aux livres. Il détailla longuement ses beaux cheveux auburn. Ceux-ci, comme s’ils étaient gênés par ce regard insistant, changèrent soudain de couleur pour passer au blond vénitien. Cela lui plut. Comment appelait t’on les gens comme cela, déjà ? Une mésa…métapharmo…métamorphomage ! Sans doute signe d’une grande puissance magique. Elle devait venir d’une grande famille de sorciers. Il se souvint soudain qu’elle lui avait posé une question. Les joues rouges, il bégaya :

« Heu…exscou…excusez-moi, j’étais perdu dans mes pensées. Mon nom…c’est…c'est...Grynfwald of Highlands. Euh…je viens d’Ecosse. Je connais peu de gens, mais je commence à m’intégrer. Et…comme il n’y a pas beaucoup de cours, euh…j’essaie de…d’apprendre par moi-même. »

Complètement traumatisé par les phrases balbutiantes d’un enfant de cinq ans qu’il venait de sortir, il rentra sa tête dans ses épaules et se dirigea derechef vers la bibliothèque. Il préféra ne pas penser à la tête que devait faire la fille et décida de l’impressionner par ses lectures. Sa main tâtonna vers les précieux ouvrages. Il saisit un des grimoires et regarda le titre : Histoire et mœurs des Farfadets. Trop simpliste, pensa t’il en le reposant. Il n’eut guère plus de chance en continuant sur cette rangée : il découvrit sucessivement les suites, qui concernaient les lutins et les Gobelins. Il changea alors de rayonnage et aperçut un lourd volume cerclé d’argent. Il le saisit à deux mains, en essayant d’avoir l’air de le supporter sans peine. Son titre le remplit d’aise : Sortilèges de Magie Avancée, pour Sorciers Avertis. Il le posa sur la table et s’assit non loin de la jeune fille. Il en commença la lecture. Les sorts lui parurent terriblement compliqués. Il leva la tête. Elle le regardait, un sourire aux lèvres. Il lui sourit. Il allait devoir de nouveau se couvrir de ridicule en lui parlant. Il essaya courageusement :

« Vous vous appelez Misha ? »

Misha tournait distraitement les pages de son livre, elle fronçait les sourcils. L'école acceptait encore les nouveux élèves? C'est vrai qu'après la perte de nombreux éléments, ils devaient se renouveler...
Le nouveau venu portait un nom compliqué, il devait faire parti d'une noble famille, ce qui en fait, ne comptait pas pour Misha.
Elle le trouvait courageux de travailler par lui-même, surtout avec le livre qu'il venait d'emprunter. Elle l'avait ouvert une fois, il était compliqué et dépassait son entendement.
Il faut dire qu'elle était en cinquième année et n'avait jamais eu le courage de le rouvrir...

-Vous vous appelez Misha ?

-Bonne mémoire Watson! Je parle si mal que ça pour que tu ne comprennes pas?

La jeune fille se sentait d'humeur taquine aujourd'hui, elle lui fit un grand sourire, légèrement moqueur.
Elle ajouta, plus sérieusement:

-Si tu comprends ce bouquin, tu pourrais pas m'expliquer quelques trucs? J'avoue ne pas avoir tout saisi la dernière fois. Tu serais un amour de nouvel élève!

Misha se plongea dans sa lecture, se concentrant pour comprendre. De nombreuses potions, de sorts utiles en cas de danger étaient repertoriés.
Pendant qu'elle prenait connaissance de l'ouvrage, ses cheveux s'amusèrent à passer du blond au vert pour revenir au brun avec des reflets rosées.

Deux réactions possibles : la terreur et le soulagement. Soulagement car elle n'est pas aussi douée qu'elle en a l'air ; terreur à cause des explications qu'il devrait fournir. Le problème était épineux. Grynfwald décida d'opter pour une troisième solution.

" Euh...voyez-vous...j'ai pris ce livre au hasard et...il a l'air autrement plus compliqué que ce que l'on au château. Et...quant à expliquer à une métamorphomage...euh...je pense ne pas en savoir assez pour cela. J'ai bien quelques modestes connaissances des créatures magiques, mais..."

Hum, pas trop mal. Et il était arrivé à placer l'allusion sur le château. Bon. Maintenant que faire ? Il réfléchit un moment. Ranger le livre était la solution qui s'imposait. Il se leva de sa chaise et alla poser l'antique ouvrage d'un pas nonchalant. Il replaça le grimoire dans le trou qu'il avait laissé au milieu de la rangée et alla se rassoire. Sang-de-Bourbe, la fille le regardait toujours. Il fallait trouver une occupation. Pas un livre. Un jeu à deux. Pas les échecs : s’il gagnait, elle partirait furieuse ; s’il perdait, elle le prendrait pour un idiot. Il tâta sa poche. Un sac de papier. Que faisait-il dans sa poche ? Un idiot y aurait-il glissé un colis piégé pour rire à ses dépends ? Soudain, il se souvint. Ces espèces de bizarres grenouilles en chocolat qu'il avait trouvé sur cette allée commerçante, dans le centre de Londres. Les boutiques n'y avaient pas le raffinement de celles d'Edimbourg. La commerçante lui avait-elle dit si c'était comestible ? Oui, je crois. Voilà, c'était du chou...du chocolat, cet ingrédient venu des Indes, que l'on trouvait dans les caves du château - son arrière-arrière-grand oncle en avait acheté cinquante tonneaux à prix d'or - et pour presque rien au pub de Blackburry Street. Il sortit donc le paquet avec assurance et en proposa à la jeune fille, avec toute la politesse dont il savait faire preuve :

" Gente damoiselle, daignerez-vous accepter cette humble collation ? "

Misha haussa les sourcils de surprise et se retint de rire. On aurait dit qu'il perdait complètement la tête! Il prenait un livre mais ne le comprenait pas et faisait allusion au faite d'être métamorphomage. Qu'est-ce que cela pouvait bien changer au faite d'être douée en magie? C'était un don de naissance qui n'influait en rien sur ses capacités...

La jeune fille crut bon de le prévenir mais finalement s'abstint, après tout, il croyait ce qu'il voulait... et si c'était un avantage pour elle et bien tant mieux.
Le chateau entraine bien des questions... était-ce un domaine familial, une bibliothèque, une école?

N'osant poser des questions elle se replongea dans sa lecture, les gravures y figurant étaient vraiment très belles, elle caressa du bout des doigts la page. Le phoenix de feu l'attendrissait, elle était fière qu'il soit son animal pour le patronus.

Lorsque Grynfwald reprit la parole, elle mit plusieurs minutes avant de lui répondre, les sourcils froncés plongés au coeur du livre. Elle ne l'avait pas cherché pour rien, il était à la hauteur de ses espérences!

Relevant la tête, elle distingua des chocogrenouilles. Une forte nausée l'a prit, l'odeur de nourriture la dégouttait depuis quelques jours.
Placant sa main sur sa bouche elle refusa d'un signe négatif de la tête.
Elle respira le plus calmement possible, essayant de paraitre naturelle, mais c'était peine perdue. Elle commencait à avoir chaud, très chaud et cette fichue nausée qui ne la quittait pas!

Se levant précipitemment, elle marcha rapidemment jusqu'à la fenêtre qu'elle ouvrit d'un geste sec. Se penchant sur le rebord, elle respira de grande bouffée d'air frais. Des cheveux étaient légèrement collés à son front, elle les remit en place.
Enfin, ça passait... Se tournant vers le jeune homme, elle lui offrit un pauvre sourire, quel piètre spectacle...

-Je suis vraiment désolée mais en ce moment, ça m'arrive souvent et l'un des principaux déclencheur est... la nourriture. Mais vas-y mange, ne te gêne pas. Tant que tu ne te fais pas avoir par le tableau, derrière toi. C'est une ancienne bibliothécaire légèrement tatillone sur le règlement.

[HRP Désolé si je réponds à ta place, mais il fallait que je le finisse au plus vite. /HRP]

Grynfwald fut surpris par cette scène. Il se jura intérieurement de ne plus proposer de friandises à aucune jeune fille. De plus, il se trouvait dans une situation ridicule. Il regarda son paquet d'un air hébété et le glissa dans sa poche. Soucieux de se donner une contenance, il tenta de reprendre la conversation.

" Vous êtes sûre que vous allez bien ?
_ Oui. "

Elle lui avait répondu d'un ton mal assuré. Pourquoi la nourriture la dégoûtait-elle ? Elle devait bien manger de temps en temps, pour survivre. Il la regarda. Elle n'avait pas l'air maigre, bien au contraire. Une très légère bosse apparaissait sur son ventre. Continuer à l'épater. Un point important de son programme de séduction. Comment faire ? Les chocogrenouilles n'avaient pas marché. Peut-être que le truc moldu... Il sortit un objet étrange de sa poche. Ses couleurs étaient vives et laides. La consistance de ce matériau était étrange. A la fois légère et solide.

" J'ai trouvé ceci dans un magasin moldu. Son utilité est étrange. Ils appellent cela une...zen...
_ Non, une gameboy. "

Surpris, il leva les yeux vers la jeune fille. Comment savait-elle cela ? Il l'avait acheté par curiosité : ces crétins de moldus s'amusaient à faire bouger des petits personnages dessinés dessus. Etrange, vraiment étrange. Cela prouvait que leur intellect descendait vraiment très bas.
La fille avait dû deviner son incompréhension. Elle reprit :

" Oui, je suis d'origine moldue... "

Il n'entendit pas le reste de la phrase. Quoi, elle, une Sang-de-Bourbe ? Et dire qu'il avait cru ressentir des sentiments pour elle... Chancelant, il balbutia :

" Euh...je vais faire un tour... Au revoir. "

Dans le couloir, il eut horreur de lui-même. Il se gifla. Il recommença. La démence s'empara de lui un cours instant. Il entendit des pas. Hurlant comme un forcené, il s'enfuit hors du château. Quitter cet endroit maudit... Il quitta le parc et se mit à courir. Une forêt apparut. Il s'y engagea, n'écoutant plus ce que la raison lui dictait de faire.



Courant à travers la forêt, Grynfwald déchira sa robe, la labourant d'écorchures. Il courrait, ignorant les dangers, vers un but que personne ne connaissait. Le soir, enfin, hors d'haleine, il s'arrêta au pied d'un arbre. Il engloutit avec voracité ses vieilles Chocogrenouilles. Brisé de fatigue, il s'endormit presque immédiatement. Ce fut une nuit sans rêves, une nuit profonde dont il avait tant besoin pour se calmer.

L'aurore aux doigts de rose le réveilla doucement, aux premières lueurs de l'aube. Il se releva. Sa robe dégoulinait. La rosée ne l'avait pas épargné. Pour la première fois depuis sa fuite, il se mit à réfléchir. Que faire ? Rentrer au château pour y affronter le spectre grimaçant de son ancien amour ? Non. Autant mieux suivre le conseil de quelques-unes uns de ses amis qui avaient vu son nouveau métier d'un oeil méfiant. Un tour du monde ! Quelle bonne idée ! Il pourrait apprendre de nouveaux sorts et devenir plus puissant. Et visiter de nombreux et magnifiques pays. Et oublier Misha. Aïe, Misha. Voilà qu'il se remettait à y penser. Oui, ce voyage serait décidément bien utile.

I traversa le bois et déboucha dans la campagne. Plus tard, un groupe de Moldus se moqua de lui et de ses vêtements déchirés. Il résista à l'idée de se venger de ces moqueries et continua sa route. Il déjeuna dans un village et y changea sa garde-robe.

Gare de Black Forest's Down. Dans un coin, Grynfwald scrutait les passants. IL repéra enfin ce qu'il cherchait. Un sourire s'arrêta sur ses lèvres closes. Parfait, la vieille dame s'approchait de lui. Il susurra un petit Accio. Billets et porte-monnaie vinrent rejoindre sa main en douceur. Personne ne s'était aperçu de rien. Bientôt, la voix du chef de gare retentit :

" Le train à destination de Douvres par Londres arrive quai numéro 3. Le train à des... "

Grynfwald se leva et attendit son train. Utiliser des transports moldus était bien plus pratique que transplanner. Le ministère perdrait sa trace. Il ne s'en porterait pas plus mal.