Treize ans déjà

Treize ans ont passé. Les grands ormes du parc ont reverdi, Pré-au-Lard, tel un phénix, est renaqui de ses cendres, les couloirs déserts de Poudlard se sont remplis d'élèves. Treize ans ont passé et l'Ecole pour Aurors est déjà oubliée.

Dans le sombre cachot, les chaudrons bouillonnent. Les élèves, fébriles, se penchent sur leurs chaudrons sous l'oeil sévère du professeur. Au fond de la classe, des trois chaudrons parfaitement alignés, s'exhalent les mêmes vapeurs orangées. Le professeur s'avance.

" Hmmm... De l'huile essentielle de Voltiflor, sans doute ? Peu orthodoxe, mais très intelligent... Quinze points de plus pour Serpentard. "

Lyn et Flint échangent un clin d'oeil. Flint chuchote :

" Merci, Nat' "

Nathan est toujours le meilleur en potions et il aide toujours ses frères Chacun a sa spécialité. Défense contre les forces du mal pour Flint, Sortilèges et Métamorphose pour Lynnfeld.

Celui glisse :

" On va où cette nuit ? Il faudrait améliorer le plan de la Forêt...
_ OK mais on passe d'abord aux cuisines. On a qu'a y aller dès la fin des cours, Chourave nous a rien donné comme devoir. Et on revient...
_ Au matin ?"

Un fin sourire plisse les lèvres de Flint.

" Exact. "



Devant l'entrée de la salle commune des Serpentards.

" OK. Tu nous attends ici, Nat', et dans cinq minutes, tu fais pivoter le pan mur. Tu as les provisions ? "

Nathan acquiesce. Ses deux frères s'engouffrent dans la salle commune. Nathan s'enfonce dans un coin sombre et avale une gorgée d'un liquide contenu dans une flasque grisâtre. Son visage se déforme, s'allonge, s'élargit. C'est désormais celui d'un Serpentard de quatrième année. Il se place devant la gargouille.

" Basilic "

Le mur s'ouvre. Un frôlement invisible s'échappe alors, que suit aussitôt Nathan. Une longue nuit attend les trois frères...

" Hé toi ! "

La voix percante de la prof de Sortilèges retentit.

" Qu'est-ce que tu fais ici ? Il va bientôt faire nuit, et tu ne dois pas te promener comme ca, tout seul, dans le parc. Qu'est-ce que tu mijotes ? Hé, retourne-toi, petit insolent ! Et c'est quoi, ce que tu viens de boire ? Pas de la drogue, j'espère ? "

L'élève se retourne enfin, et c'est le visage d'un Gryffondor qui apparaît. Il regarde la professeur d'un air insolent.

" Ah, Bertion !! Hé bien cela nous fera dix points de moins pour Gryffondor ! Et soyez heureux de ne pas recevoir de punition ! Maintenant, suivez-moi. "

Et la professeur se retourne et repart à grands pas vers la salle commune. Mais le temps qu'elle se retourne, Nathan a déjà disparu sous la cape d'invisibilité et repris son apparence normale.

" Bertion ! Trente points de moins pour Gryffondor, à présent ! Et une une retenue de trois heures ! Vous aurez de mes nouvelles, croyez-moi ! "

Serpentard est en bonne place pour regagner à nouveau la Coupe des Quatre Maisons...

Les trois frères s'en vont en courant, se retenant du mieux qu'ils peuvent de ne pas pouffer. Encore une fois ils ont joué un mauvais tour à ces orgueilleux Gryffondors!
Nathan avait bien fait de garder ces extraits de Bertion, pris dans leur dernières altercation plutôt.... musclée. Le garçon a le sang chaud et ne manque jamais une occasion de remettre à sa place certains Gryffondors un peu trop bavard. Il ne supporte pas que l'on bafoue l'honneur de sa famille et encore moins que l'on insinue des atrocités sur ses liens de sang avec Lynnfeld. Ledit Bertion avait cédé devant le poids de Nathan, projeté contre son corps à la vitesse d'un boulet de canon. Ils avaient roulés au sol et la séparation du professeur de potions avait été rude.

Pour l'heure, ils se dirigent tout trois d'un bon pas vers la forêt interdite. Le froid saisissant donne la chair de poule au jeune Highlands qui se serre contre son jumeau.
Ils passent la cabane du garde chasse en silence, ils savent que crokdur à l'oreille fine. Une fois hors de portée de l'ouïe de l'animal, les langues se délient.

-Ahah, elle ne va rien comprendre à ce qui ce passe cette vieille peau!
-Tant qu'elle croit que c'est Bertion ça va. Si elle fait vérifier tout les dortoirs pour voir qui manque à l'appel, on est morts.
-On est plus à ça près, n'est-ce pas?

La dernière réflexion de Flint fait sourire les trois compères. Lynnfeld est de loin le plus réfléchi des trois. Pourtant, il se laisse souvent entraîner dans l'impulsivité maladive de ses jumeaux de frères. Ils passent l'orée de la forêt. Leurs baguettes sont brandies, guettant le moindre bruit. Ils n'ignorent pas le dangers qu'ils encourent.

J’observai un instant mes deux frères, et j’eu un sourire au coin des lèvres. Le groupe uni que nous représentions semblait incontrôlable et irrécupérable. Lié par le sang, lié par la famille, rien ne semblait un jour pouvoir nous séparer. Notre cadet à Nathan et moi, Lynnfeld, semblait être l’avatar d’une force tranquille lorsque nous étions comparés les un aux autres. Nous les jumeaux, les impulsifs, pouvions sans problème nous retrouver dans des situations impossibles mais qui méritaient d’être vécue. Je crois que si nous avions plus souvent écouté Lyn, nous aurions eu moins de problèmes, mais aussi moins de amusements.
Nathan passa en premier, la baguette en main, je le secondais suivit de près par Lynnfeld. La Forêt Interdite était connue pour être une sorte de parc à monstruosité. Peu s’y sont risqués et je les comprenais aisément, pourtant, cette volonté farouche de vouloir braver les interdits continuait d’être notre première motivation ; nous irions là où personne n’est encore allé, nous ferions ce qui n’a pas encore été fait. Les milles bruits qui s’échappes des méandres de la nuit m’angoissent quelques peu, et je serre plus fort ma baguette. Où cette excursion suicidaire va-t-elle nous mener, je n’en ai pas la moindre idée, mais le fait que nous soyons tout les trois semble pouvoir suffire à braver tout les danger.
- Nous ne sommes jamais arrivé jusqu’à là, je me trompe ? dis-je avec un brin d’excitation dans la voix.
- Je crois bien que non.
- C’est pour ça que cette espèce de bète velue ne me rappelle rien.
Je pointais du bout de ma baguette notre coté droit, pour montrer une ombre inquiétante qui nous offrait un drôle de grognement.

Nathan avait pris la tête du cortège sans difficultés. Il ouvrait la marche, faisait attention où il posait ses pieds éclairés par le lumos de sa baguette.
Ils s'étaient arrêtés pour se repérer. Jamais ils n'avaient fait choses si dangereuses. Flint montra de sa baguette une énorme araignée géante qui les fixait avec ses paires d'yeux globuleux. Ses mandibules se mirent en action, dans un claquement sec et glaçant d'effroi. Ses gigantesques et nombreuses pattes semblaient frétiller d'envie de les pourchasser et de s'en faire un bon petit encas.

Les trois compères s'étaient instantanément stoppés et serrés les uns contre les autres. Lynnfeld souffla à l'oreille de ses frères:

- Et maintenant?
- C'est toi qu'a les bon plans normalement!

Leurs cerveaux pourtant très imaginatifs lorsqu'il s'agissait d'inventer des bêtises semblaient s'être soudainement mis en pause. De la sueur perlait à leurs fronts et leurs corps se serraient toujours un peu plus.

- Essayons de lancer un sortilège ensemble.
- Le maléfice de bloque-jambe qu'on a vu l'année dernière?
- A trois... 1.2.3 !!

Les baguettes brandies, ils hurlèrent à s'en décoller les poumons un " Loco motor Mortis" plein d'espoir. Malheureusement, ils s'en rendirent vite compte, l'animal semblait immunisé contre la magie et cette piètre tentative l'avait rendue furieux. Le pire cependant était à venir. Le sort, non content de ne pas fonctionner, rebondit contre le le torse de l'araignée et frappa Lynnfeld de plein fouet. Celui-ci tomba au sol, les jambes bloquées et le souffle coupé par ce triple sort.

La situation s'envenimait de secondes en secondes. Pourquoi diable s'étaient-ils aventurés si profondément dans la forêt? Pourquoi n'étaient-ils pas restés sagement dans leur dortoir? Simplement parce que ce n'était pas dans leurs gènes. Nathan et Flint, tout deux à l'affût, les jambes fléchies, baguettes en mains, surveillaient les moindres gestes de leur ennemi.

Nathan eut soudainement une idée. Risquée mais il n'en voyait pas d'autre. Il demanda à son jumeau de le couvrir. Celui-ci le regardait avec appréhension, mais avant qu'il n'ait eu le temps d'ouvrir la bouche pour le dissuader, Nathan s'était jeté en avant, entre les jambes de l'araignée. Flint le crut fou un instant. Il s'était jeté dans la gueule du loup? Son rôle était désormais d'attirer l'attention de l'araignée ailleurs que sur son frère.

Il ramassa la plus grosse pierre qu'il pouvait soulever et le jeta en direction de l'animal toujours furieux. Celui-ci tourna sa grosse tête velu en direction de Flint. Pas intimidé pour un sous, il recommença, encore et encore, jusqu'à ce qu'il voit la tête de Nathan émergée à sa gauche. Il était vivant! Il avait profité de la diversion de son frère pour s'échapper.

- Mais t'es complètement taré ou quoi?! Qu'est-ce que tu foutais?!
- Mon sac était tombé sous elle. Je me sens mieux maintenant que je l'ai récupéré.
- Et maintenant?

Lynn se remettait doucement, le sortilège tenait encore bon mais il pouvait au moins respirer normalement. Sans prévenir, une patte vint s'abattre à cinq centimètres de sa tête. Il n'eut même pas le temps de crier, une autre revenait. Flint le prit sur son épaule avec difficulté et regarda Nathan avec des yeux appuyant la demande de son plus jeune frère. Et maintenant?

Nathan eut un sourire stressé. Il leur dit de se mettre à l'abri. Il ouvrit son sac et en sorti une poche de papier dégoulinante... de sang.

- Dites adieu à notre dîner!

Il lança le steak cru en direction du monstre. Pendant que le morceau de viande volait, la garçonnet pria pour que son plan marche. Avec joie, il vit l'araignée ouvrir grand sa gueule et gober la grosse part de bœuf. Nathan retenta l'opération en visant ce coup-ci le coin le plus éloigné de l'endroit où s'était réfugié ses frères. L'animal, attiré par l'odeur du sang, suivit le steak.

Nathan allait prendre le troisième et dernier morceau lorsque celui-ci s'éleva de lui-même et parti beaucoup plus loin encore que l'avant dernier. Il se retourna et vit Flint, baguette en main, lui sourire. Il se dirigea vers ses deux frères.

- Je crois qu'on va rentrer maintenant hein... j'ai besoin d'une bonne nuit de sommeil pour m'en remettre.

Ils se mirent en route, en veillant bien à partir dans le sens inverse de l'araignée. Ils ne mirent pas longtemps à retrouver le chemin, à partir de quoi, il était plus rapide de rentrer.
Au moment de rentrer dans son lit, Flint secoua la tête, comme s'il n'en revenait pas.

- Des steaks, j'te jure... la prochaine fois, emmène des sandwichs, comme tout le monde! Sinon on risque de jeûner souvent!

Nathan éclata de rire et s'endormit instantanément lorsqu'il fut bien au chaud sous ses couettes. Déjà, il pensaient à leurs vacances de Noël au château familial...

Après les cours, c'étaient les vacances. Et les vacances c'étaient... le château pour les trois démons, passer des jours entiers à explorer les forêts écossaises ou bien les sombres couloirs des oubliettes... Faire des batailles de neige sanglantes dans la salle d'honneur, ou jouer à cache-cache dans le plus grand terrain de jeux jamais construit pour des enfants.

C'était le soir de Noel et ils étaient tous réunis dans le petit salon. Il y avait Oncle Wilhelm, qui commencait à souffrir de la goutte, Maman, dans sa belle robe de soirée, Grand-mère Circé et Papi Orion. Un grand feu brûlait dans la cheminée tandis que Merlin, l'elfe de maison, apportait des liqueurs.

Minuit sonnant, les grand-parents allèrent se coucher, et Wilhelm retint d'un geste de la main les trois garcons qui s'apprêtaient à faire de même.

" Attendez un peu, nous avons quelque chose d'important à vous dire. "

Surpris, ils levèrent les yeux. Wilhelm et Eltrebeth avaient pris une mine grave. Ce fut cette dernière qui commenca, d'une voix embarassée :

" Voilà... Votre oncle et moi, nous avons pensé que vous étiez désormais assez âgés pour apprendre la vérité...
_ Cela ne vous a-t-il jamais paru bizarre, que bien que prématuré, Lynn soit né si peu de temps après vous ? "

Les trois frères se regardèrent d'un air étonné.

" Votre père et moi, avant notre mariage, on ne s'était jamais vus... C'était un mariage arrangé, planifié juste après notre naissance... Ce qui fait qu'il n'y a jamais vraiment eu d'amour entre nous.
_ Votre père était en fait amoureux d'une autre femme. Il ne m'en a jamais parlé, mais je le savais...
_ Un jour, il est revenu à la maison en m'amenant deux charmants nourrissons. Il m'a fait jurer de les élever comme mes propres enfants. Puis il est parti... pour ne jamais revenir. On n'a jamais retrouvé son corps. Peu de temps après, j'ai eu un fils, que j'ai nommé Lynnfeld, selon le souhait de votre père...
_ Ce qui fait... que nous sommes bâtards ??
_ Oui, et c'est Lynn qui porte le titre de Laird...
_ Mais je vous ai officiellement adopté, et je vous considère comme mes propres enfants... je vous aime autant les uns que les autres... "

Les frères étaient abasourdis par cette nouvelle. Quelques minutes plus tard Nathan posa cette question :

" Qui était notre maman... biologique ?
_ Je ne sais pas, mais il a parlé d'Egypte...
_ Lors de son mariage, j'ai vu une femme qu'il semblait aimer... mais elle n'avait rien d'une momie... "

Et il leur montra dans sa vieille Pensine le visage d'une jeune femme. Hébétés, les enfants sortirent. Dans le couloir, Lynn éleva enfin la voix :

" Vous savez ce qu'on devrait faire ? Mener l'enquête... "

Nathan et Flint prenait toujours beaucoup de plaisir à rentrer au château familial pour partager des instants chaleureux avec leur famille. Le domaine était assez grand pour contenter toutes leurs envies d'exploration et jeux divers. La neige recouvrait de son blanc manteau tout le domaine et partout des traces de petits pas s'égaillaient dans tout les sens.

Ce que Nathan aimait par dessus tout le soir de Noël, c'était passé minuit, lorsqu'ils allaient tous se coucher. Il pensait à tout les présents qu'il allait faire et à tout ceux qu'il allait recevoir, au lendemain matinal et au plaisir qu'il allait donner. C'est donc avec joie que, lorsque minuit sonna, il se leva de concert avec ses frères pour rejoindre sa chambre. Il savait que Flint aimait aussi cette fête hivernale, pour les mêmes raisons que lui.

L'oncle les retint d'un signe de la main autoritaire. Il avait toujours été sévère mais juste, et les enfants l'aimait beaucoup. Des trois, personne n'ouvrit la bouche pour interrompre les révélations. Ainsi ils apprirent que Lynn n'était pas le fruit de l'amour mais pire, ce dernier n'avait pas la même mère que Nathan et Flint. D'un point de vu purement technique, ils étaient donc orphelins, de mère et père disparus.

Les jumeaux s'assirent lourdement sur le canapé le plus éloigné de la cheminée. Nathan avait envie de pleurer mais cette passade disparue vite lorsqu'il vit la colère dont était empli Flint. On lui avait menti pendant treize années, son existence avait perdu de son sens et il ne supportait pas cette trahison. Il fixait le sol, ses poings fermés dont on devinait la trace des ongles se formant dans sa paume.

Nathan ne ressentait pas tout ça. Il était perdu, assoiffé de curiosité, et l'amertume qu'il ressentait n'était pas le dixième de celle de son frère. Il avait cependant un grand vide dans le cœur. Quelle attitude avoir? Il glissa sa petite main dans celle, toute aussi petite, de Flint. Il tourna la tête vers lui et Nathan lui adressa un sourire timide. Lynnfeld vint à leur rencontre et s'accroupit devant eux. Flint se leva précipitamment, sans un regard pour son deuxième frère, pour voir ce que Wilhelm leur montrait : le visage de sa mère. Les deux autres suivirent, Nathan retenta un sourire, pour Lynn cette fois-ci.

Nathan craignait les tensions et avait toujours fait en sorte qu'elles n'existent pas. Il se pencha sur le liquide de la pensine et poussa un cri lorsqu'il tomba au creux d'un souvenir. Son jumeau y était déjà, immobile, le regard fixé vers une jeune femme à la chevelure bleue marine. Il semblait subjugué, non par sa beauté car elle était commune, mais par la découverte réelle d'un de ses parents. Véritable, parent. Pour le moment, il ne doutait pas que ce soit elle, il l'observait, autant qu'il pouvait, car il n'avait et n'aurait pas de photo. Après peut-être, les questions viendront noircir ses idées.

Nathan accueillit avec affection le corps de son frère collé contre le sien. A cet instant, leurs différences étaient effacés et ils ne formaient plus qu'un être, ce qu'ils auraient dû être si l'ovule ne s'était pas divisé. Plongés dans ce rêve, ils ne voulaient en sortir. C'était peut-être, le plus empoisonné et le plus beau de leur cadeau de Noël.

-Tu crois qu’on lui ressemble ?
-Je ne sais pas. Qui pourrait le savoir ? C’est une inconnue.

L'oncle eut tôt fait de les ramener. Aucun des trois enfants n'avaient plus envi de dormir. Ils prirent congés d'Eltrebeth en l'embrassant avec chaleur. Seul Flint eut l'air de se forcer et ne l'appela pas de son habituel et tonitruant "maman" mais un simple "Madame" distant. La pauvre femme le regarda, de la peine plein les yeux. Elle s'y était préparé, mais son cœur en souffrait tout de même énormément.

Dans le couloir, Nathan se retrouva au milieu de ses frères. Flint regardait ailleurs, l'esprit occupé par de nombreuses interrogations, Lynn cherchait un moyen de ne pas perdre ses frères. Pour lui, les liens de sang importait peu. Nathan était de son avis mais ne pouvait négliger son envie vorace de découvrir ses origines.

" Vous savez ce qu'on devrait faire ? Mener l'enquête... "

Bien evidemment, personne ne s'opposa ni même fut surpris par cette idée. Exceptionnellement, ils dormirent tous ensemble cette nuit là, dans une chambre d'amis immense. Ainsi, tout trois en terrains inconnus, ils étaient de nouveaux à égalité...

« Zut ! J’ai mis de la confiture sur ma chemise !_ En cours d’histoire de la Magie ? »

Lynnfeld leva les yeux au ciel. Chaque fois que Lance pouvait se permettre une réflexion désagréable, il le faisait. Ce n’était pas qu’il était méchant, non, c’était juste qu’il était tout simplement un boulet, un gratteur, enfin, tout ce qu’on voulait. Il n’avait pas la moindre imagination et se sentait tout juste capable d’imiter les autres. En première année, ils s’étaient fait choper dans les cuisines de Poudlard à trois heures du matin parce qu’il avait eu la malencontreuse idée de se donner le grand frisson en les suivants. Maintenant, il suivait d’un œil haletant _ espérant sans doute qu’on l’invite à jouer _ la partie de poker que se disputaient Nathan et Flint.

« J’ai gagné. Full aux as par les rois._ Non, tu as perdu : moi j’ai un full encore meilleur, trois as et deux as. »

Tricher était toléré dans les parties de poker magiques, mais celui que l’on prenait sur le fait devait salement morfler. Flint maugréant, fila les deux mornilles à son frère. Lynnfeld étant le plus doué en sortilèges et en métamorphoses, ses frères n’aimaient guère jouer avec lui car il gagnait trop souvent, et il respectait leur choix ( sauf quand il trichait pour perdre^^ ). Sur la table, trois plumes recopiaient laborieusement et automatiquement le cours de Binns. C’était une utile découverte de Lynn, qui leur permettait de prendre connaissance des cours de toute l’année juste la veille des examens. Mais pour une fois ce ne serait pas le cas…

« …Bien sûr, il ne faut pas croire que le Survivant, ses deux comparses et l’Ordre du Phénix furent les seuls résistants qui luttèrent avec efficacité pendant la Deuxième Guerre. Ainsi, Grynfwald of Highlands… »

Lynn recracha la gorgée de Bièraubeurre qu’il était en train d’avaler sous la table.

« Quoi ?!?!
_ Oui, le Survivant et l’Ordre du Phénix furent les seuls résistants… »

C’était la première fois depuis dix-huit ans que l’on interrompait le fantôme durant son cours. L’intérêt soudain que lui portaient ses élèves n’était pour lui déplaire mais leurs interruptions frisaient l’impolitesse. C’est pourquoi il fut à nouveau interrompu.

« Non, vous avez bien dit… Grynfwald of Highlands ?
_ Oui, Grynfwald le Grand, le quarante-quatrième Laird…
_ C’est que c’est… notre père…
_ Ah ? »

Depuis bien des années déjà, les élèves n’étaient plus que des écritures impersonnelles pour le vieux professeur. Voyant désormais les visages des élèves tournés vers lui et qui le dévoraient des yeux, notamment les trois jeunes du fond, le professeur continua :

« Eh bien, vous n’êtes sans doutes pas sans savoir qu’il y a une quinzaine d’années, ce château accueillit un centre de formation pour Aurors. Laird Grynfwald était l’un d’eux. Cependant, à cause de l’incompétence notoire des professeurs _ si je me souviens bien, ils étaient surnommés le boulet, le lampadaire, le mythomane et la sadique _ et Laird Grynfwald décida, après s’être infiltré dans plusieurs réseaux ténébreux, d’organiser la plus gigantesque bataille magique que l’Angleterre aie jamais connue. Des forces de tous les pays d’Europe étaient venues l’appuyer ou le combattre. Cependant ses forces étant beaucoup plus faibles qu celles du Seigneur noir, il fut vaincu par le général Malefoy, lui ayant pourtant infligé des pertes triples… »

Au bout de cinq minutes, la classe s’était à nouveau endormie, sauf trois petits visages qui écoutaient avec toute l’attention possible…



Après le cours, les élèves se ruèrent en récréation, pour gorger leurs poumons d’air frais.

« Maintenant on sait par où commencer... Il faudra interroger les tableaux et les fantômes. Et tu leur montreras la photo de papa, Nathan… »

La sonnerie s’égrena et le raclement sec des chaises la couvrit aussitôt. Les plumes, feuilles, grimoires volèrent comme par magie jusqu’à l’intérieur des sacs et les élèves se ruèrent dehors, laissant le professeur s’éponger compulsivement le front avec son mouchoir de poche.

« Qu’est ce qu’on a ?
_ Deux heures d’étude… du moins officiellement. »

Les deux autres se tournèrent vers Lynnfeld. C’était lui qui portait leurs notes. Il farfouilla dans son sac, où, transcris par la Plume à Papote, se trouvaient tous les compte-rendus de leurs conversations avec les fantômes. Il passa rapidement sur celles du Baron Sanglant, dédaigna celles du Moine Gras_ celui-ci avait très gentiment voulu les aider, mais n’avait été d’aucune utilité_ et jeta un coup d’œil plein d’espoir sur celles du Vieux Nick.

« Hum… Je ne pense pas qu’on puisse s’introduire dans le bureau du directeur… Mais il y a celle qui garde le dortoir des Gryffondor où ils dormaient. Apparemment c’est un tableau représentant une très grosse femme… Mouais… »



Dans la grande pièce, l’horloge étrange se mit à vibrer. Trois petits avions en papier se mirent à piquer les seuls Sepentards présents dans la pièce.

« Oui, on SAIT il est l’heure d’aller en cours ! »

Lyn et Flint sautèrent de leur hamac. Flint hésita puis alla ranger le livre qu’il avait pris, dans la grande bibliothèque en bois verni, où il disparut instantanément. Nathan se leva avec lassitude et adressa un sourire déçu à la Gryffondor avec qui il partageait une partie d’échecs. Flint eut un sourire moqueur mais ne fit aucun commentaire. Ils quittèrent la pièce en silence, marchèrent un peu dans le souterrain et débouchèrent juste en face de la salle où ils allaient avoir cours. Les autres Serpentards firent mine de ne pas les avoir remarqués. Ils ne leur pardonnaient pas d’être les rares membres de leur maison à faire partie de l’AD.

Le prof les envoya en TP où ils combattirent des petits êtres poilus. Pendant le cours, les autres riant si fort que personne ne pouvait les entendre, ils réfléchirent à ce que leur avaient enseigné la grosse Dame et le dragon néo-zélandais.

« Attends… Il n’y aurait pas les archives du Centre de Formation pour Aurors dans le bureau du Directeur ?
_ Et tu comptes y pénétrer comment ?
_ Nous verrons cela… »

Lyn et Flint s’entreregardèrent, amusés. Pour une fois c’était Nathan qui avait un plan foireux. Cela promettait…



Ils étaient tous dans le bureau, la tête basse. Le directeur marchait de long en large, l’air furibond. Le Directeur des Serpenards les regardait, l’œil sévère.

« Mais qu’est-ce qu’il vous a pris de venir s’introduire dans mon bureau ? Vous voulez être renvoyé, c’est ça ? Mais répondez !!! »

Les enfants , honteux, n’osaient plus parler. La tête basse, ils essayaient de se faire les plus petits possibles. Difficile quand on est trois. Lyn et Flint donnèrent simultanément un coup de coude à Nathan. Celui-ci leur renvoya un coup d’œil furieux et commença, d’une petite voix hésitante, à parler.

« Eh bien… nous voulions av… avoir accss… kssès aux arr…archives de Poudlaard. »

Froncement de sourcil du Directeur.

« Voilà… nos parents travaillaient ici et… enfin je veux dire Flint et moi sommes des… bâ…bâtards et notre vraie mère travaillait sans doute ici avec lui à l’Ecole pour Aurors et… nous voudrions savoir qui… c’était. Mais… s’il vous plaît, on fera tout ce que vous voulez, on s’occupera du frère de Hagrid si vous voulez, mais… n’en parlez pas à notre famille… »

Le directeur eut un sourire triste.

Quelques instants plus tard les trois frères sortirent du bureau du Directeur.

« Ohlala… C’est cher payé, quand même… Cent cinquante points de moins pour Serpentard, l’infirmerie et la salle des trophées à nettoyer, désosser des Doxys morts…
_ Oui mais… regarde…pour cet été ce sera super… »

Lyn tenait dans sa main une lettre d’introduction pour le Directeur du Bureau des Aurors…