Parcourant le parc à la recherche d'un autre animal sur lequel m'entrainer, je fis le tour du château et me retrouvais devant le lac.
J'avais entendu dire qu'un calamar géant vivait dans celui-ci. Je n'avais jamais vu de calamar...
M'approchant de la surface de l'eau, j'observais le profil qui s'y reflétait. De longs cheveux blancs, sales, poisseux... Un visage pâle, barré de cicatrices, le nez long et fin... Des oreilles plus pointus que celles des humaines et légèrement plus longue... Et au milieu de la figure, deux trous. Deux trous vides, sans fonds. Ils n'expriment rien. Ils sont infiniment blancs et ils m'observent entre les vaguelettes du lac.
Je les observe, ils m'observent. Ce n'est qu'un reflet. Ce reflet c'est moi. Mais si je ne suis qu'un reflet, que suis-je véritablement, au fond ?
Je suis un Semi-Elfe. Un hybride, expérience croisée entre l'Homme et la perfection. Je ne suis pas parfait et je ne suis pas non plus Homme. Qui suis-je au fond ?
Je suis une âme errante. Ombre rampante dans les ténèbres. L'obsucrité. L'obscurité est généreuse. Elle nait là où naissent les héros. L'obscurité est avec nous mais elle signifie être seul. Seul dans un océan de silence.
Le lac. Le lac est un océan, je suis le silence. Condamné à errer sur cette terre jusqu'à qu'enfin vienne le jugement dernier. L'obscurité est généreuse. Elle enveloppe ceux qui sont seuls, ceux qui sont dans le besoin, ceux qui sont jaloux. Elle nait là où naissent les héros, à l'ombre d'une nouvelle bataille. Si je suis une ombre dans l'obscurité. Alors, que suis-je en vérité ?
L'obscurité est généreuse. Une fois qu'elle nous a enveloppé de sa noirceur, elle ne nous laisse plus, elle est notre ombre. Ceux qui sont seuls, ceux qui sont jaloux, ils sont tous sous sa protection. Elle nous réconforte en son sein. Elle nait là ou naissent les héros, à l'ombre d'une nouvelle bataille, là où fleurissent les fleurs.
Qui je suis ?
Je suis un Semi-Elfe et je suis une fleur du mal.
M'arrachant à ce portrait de moi-même, je reportais mon attention sur la forêt de l'autre côté de l'étendu d'eau. Là-bas, quelque part se trouvait le Pourfendeur. Je pouvais presque le sentir, il n'était pas loin. Etait-il idiot de rester si près du château ? Peut-être était-ce sous un ordre du Seigneur des Ténèbres...
Secouant la tête, je vidais celle-ci de ce genre de pensées. Ce n'était pas le moment de penser mais le moment de s'entraîner.
Je me remis à errer à travers le parc, propulsant mon esprit pour chercher ceux des petits rongeurs. J'en roncontrais rapidement un et me mis en chasse. C'était un rat. Un simple petit rat des champs.
Il courrait à travers les herbes, détalant à toutes pattes. Passant ma langue sur mes lèvres, elles se fendirent en un sourire carnassier et je me mis en chasse.
Courrant après le petit animal, je dégainais ma baguette et lançais une floppée de sorts :
- Expilarmus ! Expilarmus ! Expilarmus ! Expilarmus !
Aucun des rayons ne toucha sa cible... Décidement il fallait que je m'entraîne beaucoup plus sérieusement.
Le rat tourna à droite. Dérapant je le suivis. Il se précipitait vers les murs du château. Il voulait certainement se faufiler dans une faille !
Il fallait faire vite. Je tendis ma baguette, essyant de viser malgré la cadence chaotique de mes pas...
- Expilarmus !
Le rayon siffla dans le parc. Le rat commis l'erreur de tourner la tête durant une demi-seconde et cette erreur fut fatale. Le sort toucha le rongeur de plein fouet, envoyant le petit animal voler à plusieurs mètres.
Je m'arrêtais à côté de l'animal, sonné. Reprenant une seconde mon souffle, je me baissais sur le rongeur, la baguette en avant. J'avais pris connaissance d'un sort et j'allais le tester sur l'animal. Une nouvelle expérience ! J'en frissonnais d'avance. Frappant le rat du bout de la baguette je soufflais :
- Dentesaugmento !
Il ne se passa rien. Ou presque... Les dents du rats semblèrent s'allonger de quelques millimètres, dépassant un peu plus de la bouche du rongeur qui sembla s'en apercevoir et voulu s'enfuir à nouveau pour ne pas avoir à se frotter à moi plus longtemps.
Peine perdue, je brandis à nouveau la baguette :
- Endoloris !
Le rat frissonna et sembla se frotter le ventre sur le sol. Bof... Rien de bien exceptionnel. Juste un simple mal de ventre. Ce sort impardonnable était le plus intéressant. Il faudrait que j'arrive à le maîtriser rapidement.
Le rat avait fini de m'amuser, je lançais un dernier sort, mon préféré :
- Conjunctiva !
Les yeux du rat se dilatèrent. Laissant le rongeur aveugle pendant quelques temps, je partis en direction de la cabane du Garde-chasse. Dans le potager, il y aurait certainement des animaux intéressants...