Un si beau mariage...

Grynfwald en était là de sa question lorsqu’il fut interrompu par un toussotement de son oncle. C’était le moment. Il abandonna la vampire et se dirigea vers une petite estrade. Dans ses yeux, autrefois si mélancoliques, brillait désormais une froide résolution. Il croisa Misha. Il la regarda sans rougir. Elle aussi semblait plus forte, plus mûre…comme vieillie par les malheurs, mais…en restant toujours jeune et attrayante. Il la regarda mieux. Elle dégageait une aura magique plus impressionnante : elle semblait forte et puissante, comme le roc que la marée n’arrive pas à ronger.

“ Chers amis ! Nous allons passer dans la salle d’honneur, où serons remis les cadeaux en, du moins je l’espère, grand nombre. Puis il y aura bal, avec le nouveau groupe magique qui fait fureur : le Trio Ténébreux. Demain, il y aura chasse à cour. Si vous le désirez, vous pourrez visitez le château et le bestiaire. Il y a aussi un petit terrain de Quidditch, récemment rénové. Le soir, vous pourrez à nouveau danser, avec l’orchestre des…Bizarr’Sisters !!!!! ”

Ils quittèrent la Salle des Banquets en désordre et traversèrent le Grand Hall. Grynfwald s’arrachait presque les cheveux de la tête, vu le prix des festivités et de la restauration du château. Heureusement qu’il était doué pour les affaires et savait investir où et quand il fallait.

Ils arrivèrent dans la Salle d’Honneur, décorée de hauts vitraux. De part et d’autre, d’immenses rangées d’armures. Des tapisseries ornées de blasons et portant les couleurs des principaux clans écossais s’accrochaient au plafond. En face, le double trône du Laird et de son épouse. Un orchestre caché se mit à jouer la Sarabande d’Haendel à leur arrivée. Grynfwald et son épouse prirent place sur le trône orné d’or et d’étoiles. Le défilé commença.

Ce furent d’abord les clans alliés des Highlands, par ordre hiérarchique. Ensuite, venaient la famille et, enfin, les amis personnels. Les cadeaux s’entassaient, formant une petite pyramide. A chaque fois, Grynfwald répondait par un sourire, une accolade, un hochement de tête, une embrassade, selon le rang et le degré de parenté de la personne. Bizarrement, le clan Malefoy n’avait encore fait aucun geste.

Au moment où il allait clore la cérémonie, un vitrail à gauche se brisa. Une demi-douzaine de hiboux apportaient un long paquet enveloppé de soie.

“ Lucius Malefoy… ”

C’était intelligent. Il affirmait à la fois son alliance, son indépendance et sa puissance. Très malin. Il défit le paquet. Non… Sa voix devint rauque. C’était impossible… Il blêmit. Un sceptre de pouvoir… Il regarda le trou vide à côté de son trône. Il hésita, puis y ficha l’immense sceptre. Son diamant se mit à rougeoyer. Désormais, toutes les personnes présentes dans le château étaient sous son pouvoir…

D’un geste distrait, il annonça le début du bal. Sa femme quitta le trône pour aller rejoindre les danseurs.

“ Laisse moi, boire un p’tit coup… ”

C’est alors qu’il aperçut quelqu’un. Quelqu’un qui devait avoir entendu chacun de ses mots.

“ Le long de ton cou ! ”

C’était Misha.

“ Laisse-moi, happer ton sang… ”

Que faisait-elle derrière son trône ?

“ A coups de dents ! ”

Il se décida à aller la voir. Il s’inclina et lui baisa la main.

“ Bonjour mademoiselle*. La fête vous a-t-elle plu ? ”


*En français dans le texte.

Un long voyage...

Fenrir avait parcouru d’innombrables kilomètres, traversé des dizaines de paysages plus beaux les uns que les autres…Et tout sa pour quoi? En quel nom? Pour l’amour. C’est fou ce qu’une simple émotion pouvait faire faire à quelqu’un. Du plus beau des gestes…Au plus regrettables….Fenrir ne savait pourquoi, mais ils devaient retrouver cette jeune femme qu’il avait mordue lors de son ultime mission pour Voldemort. Il avait traqué la piste de l’inconnue jusqu’à ce vieux château qui se dressait devant lui. Une étrange magie était à l’œuvre à l’intérieur de la bâtisse, et Fenrir avait eu le bon sens de ne pas pénétrer dans l’enceinte de la forteresse. Il devait d’abord trouver de quoi s’agissait cette étrange énergie qu’il ressentait….

Le soleil tombait et la nuit se levait, se soir serait un soir de pleine lune. Fenrir verrait ses pouvoirs décuplés. Il trouverait sûrement un moyen d’entré sans risques. Il trouverait celle qu’il aimait, mais ferait les choses de la bonne manière pour une fois. Toute la communauté de la sorcellerie le connaissait comme un monstre, un boucher…passer-en! Rien n’était plus vrai à ses heures sombres…Mais pas quand il s’agissait de véritables raisons…Fenrir aussi bien que son ami Asarius ou que quiconque au monde, abaissait sa façade face à l’amour.

Un jour il avait entendu dire par un des plus grands sorciers au monde, que l’amour tait la plus puissante des magies…Ce vieil homme avait peut-être raison après tout, mais il ne serait pas la pour voir ça théorie faire son œuvre sur Fenrir…Tout simplement car il était mort, tué sous ses propres yeux, lors de la bataille qui amena la fermeture de Poudlar en tant qu’école.

Fenrir décida de faire le tour du long périmètre du château pour tenter d’apercevoir une faille dans la vague d’énergie qui enveloppait le bâtiment…

Suivant le rythme, Misha avait humblement déposé son cadeau aux pieds du marié. Elle ne savait plus très bien ce qu'elle lui offrait. Ses idées s'embrouillaient. Etait-ce un chandail fait mains? Un livre rare? Un objet égyptien? Oui, ce devait être cela...

Elle qui ne connaissait ce jeune homme que de loin, elle le fixa comme elle n'avait jamais fixé personne. Elle cherchait à percer les nombreux mystères qui semblaient tourner autour du sir Highlands.
Aucun ne sembla vouloir s'offrir à elle par le simple fait d'un regard.

Se mélangeant à la masse des invités, elle se dirigeait vers le siège qui trônait, espérant pouvoir échanger quelques mots avec Grynfwald. Cela ressemblait de plus en plus à une envie irrépressible. Elle ne savait pas d’où elle venait, cette envie folle, mais rien ne la dissuadait de l’écouter.
L’entrée fracassante des hiboux fit reculer ou sursauter plusieurs personnes, poussant Misha jusqu’à derrière le trône. Elle tomba sur les genoux. Elle se releva en pestant, balayant avec soin ses habits pour enlever la poussière.

« Ils auraient bien besoin d’être nettoyé, ces recoins douteux. »

Lorsqu’elle releva la tête vers la foule, quelque chose semblait avoir changé. Une ambiance trop joyeuse, trop forcée. C’était le cas déjà avant mais cette impression s’était renforcée dans les dernières minutes.
Misha commençait à sentir une influence étrangère. Un mal de crâne persistant, de la brume devant ses yeux… elle allait s’évanouir.
Le visage de Grynfwald apparut soudain devant elle, il lui fit un baisemain et s’inclina. Les nuages disparurent instantanément. Reprenant son aplomb, elle afficha un joli sourire. Enfin l’occasion qu’elle attendait !
Il lui parlait dans une langue chantante. Elle ne comprit pas un traître mot mais hocha de la tête pour garder l’illusion. Heureusement, la suite fut en anglais, ce qui lui permit de répondre, poliment :

-Bonsoir, Grynfwald. Oui, elle est somptueuse. Mais pourquoi parlez-vous au passé ? Elle bat son plein !

La jeune fille eut une pensée pour le passé, le passé ou ils se tutoyaient. Le passage au vouvoiement l'avait quelque peu déstabilisée, troublée.
Misha cilla, elle semblait perdre le contrôle. Le contrôle de quoi ? De ses sens, de ses mouvements, de ses idées… mais aussi des pulsations de son cœur qui battait anormalement. Qu’était-elle entrain de faire ?

Après la partie formelle de l’événement il était temps de passer à la partie célébration. D’autant plus que Catarina avait plus qu’à fêter que le bonheur d’un de ses collègue, puisqu’elle même allait se marier d’ici peux. Heureuse malgré la mauvaise blague de son amant elle se sentait au paradis.

Avec les autres invités elle avait rejoints le château. Catarina s’émerveilla de toute la splendeur de cet endroit. La famille de Gryn était elle riche? Pour elle qui avait vécu dans une humble demeure dans une famille à modeste budget, elle trouvait cet endroit digne des gens de la haute société. Elle se surpris à désiré posséder un jour un tel endroit pour elle et Klaus…Et leurs possibles futurs enfants…Elle esquissa un large sourire rougissent elle-même par rapport à ses propres pensées. Il était peut-être un peux trop tôt pour penser si loin. Mais pourtant elle voulait passé sa vie avec l’homme qu’elle aimait.

Une petite cérémonie commença et chacun son tours ils allèrent déposer leur cadeau. Lorsque ce fut son tour, Catarina y alla et déposa une boîte enveloppée qui contenait une pierre de renforcement. C’était une pierre magique qui avait la faculté de redonner de la force à ceux qui en avait perdu. Cela avait coûté à Catarina une petite fortune, mais ce n’était rien l’argent comparé à l’amitié. Elle souhaita les meilleurs vœux de bonheur puis retourna s’assoire aux côtés de son futur époux. Elle lui prit affectueusement la main et s’apprêtait à l’embrasser quand un bruit de vitre cassé la fit sursauté. Une demi-douzaine de hiboux apportait un long paquet vers le trône. Gryfwald le développa et paru surpris. Après un cour instant il prit se qui semblait être une canne et l’implanta dans un socle prêt du trône. Catarina fut immédiatement comme figé, puis elle se relaxa sentent une énergie étrange parcourir son corps…..

“ Bonsoir, Grynfwald. Oui, elle est somptueuse. Mais pourquoi parlez-vous au passé ? Elle bat son plein ! ”

Grynfwald l’observa avec attention. Elle ne comprenait pas. Elle était jeune, innocente, insouciante et… pourtant semblait avoir connu bien des malheurs. Elle semblait aussi plus forte, plus puissante. Comme lui… Il leva les yeux vers elle.

“ Cette fête est pour moi un enterrement, cette musique un funèbre glas et ces rires joyeux des larmes amères… Il est des choses que l’argent ne peut apporter… ”

Il la regarda de plus près. Elle semblait choquée. Ses traits étaient creusés. De larges cernes s’étendaient sous ses yeux. Elle était fatiguée, c’était certain, mais beaucoup plus mûre et plus solide qu’avant. Comme l’aurait fait une maternité…

Non ! C’était impossible… Et pourtant… Au passage de Suez, il se souvenait d’un ventre gonflé. Il fallait essayer. Elle ne devait pas être sur ses gardes…

Et il vit. Et il dut forcer car, instinctivement, elle se protégeait. Deux charmants garçons, une…pyramide ? puis tout devenait sombre et brumeux, cela commençait à devenir incompréhensible.

Le désespoir l’accabla. Comme une herse qui tombe brutalement. A nouveau un pan de ses espoirs qui s’effondrait. Il se regarda, dégoûté par lui-même. Un sentiment de honte l’envahit. Il regarda ses mains pour la première fois, avec un regard neuf, ces mains qui avaient versé le sang sans ménagement. Pourquoi ? Pour sa soif d’ambition ? Quelle idiotie...

Enfin il releva la tête. Il lui semblait qu’un nouvel être avait pris possession de son corps. Misha était toujours là et sa présence lui réchauffait le cœur. Il ne voulait plus être le solitaire qu’il avait été pendant toutes ces années, travaillant pour lui, pour lui, rien que pour lui… Son égoïsme le rendait honteux. Il regarda tout autour de lui. Son luxe insolent, sa vanité puérile, à présent, lui faisaient horreur.

Il avait tout réussi. Il était riche, possédant des terres et des sociétés tout autour du monde, il avait rendu au château sa splendeur d’antan, il s’était distingué dans des actions d’éclat, il pouvait espérer devenir un des membres les plus importants de l’administration magique, il avait décroché l’un des meilleurs partis d’Angleterre, être marié à une Malefoy, et… il n’était pas heureux.

Toute cette vie gâchée pour rien, ces efforts, ces années de travail, pour un sentiment de contentement d’un seul jour, et… il n’était plus le même. Il avait réussi sa vie sociale mais allait souffrir le malheur le plus noir qui avait jamais existé. Sa vie était fichue.

Il reconcentra ses pensées sur Misha et lui dit :

“ Si vous le désirez, nous avons une nurserie… Je pourrais même vous montrer les plus belles pièces du domaine, si, bien sûr, l’envie vous en prend. ”

Un hoquet de désespoir acheva sa phrase.

Cette fête est pour moi un enterrement, cette musique un funèbre glas et ces rires joyeux des larmes amères… Il est des choses que l’argent ne peut apporter…

Si elle n'avait pas changé depuis leur première rencontre, Misha aurait méprisé l'homme qui se tenait face à elle. Il avait tout, tout ce dont elle n'avait jamais eu l'occasion d'atteindre et il se plaignait, comme un enfant capricieux ayant reçu plus que ce qu'il demandait.

Mais, mystère du destin, le contraire semblait vrai aussi. La seule chose précieuse qu'elle n'ait jamais touché était l'amour, et la vie de Grynfwald en était dénuée.

Ce n'est donc pas du mépris mais un élan de compassion qui la poussa à lui sourire. Son coeur s'emballait. Le jeune homme n'était pas particulièrement beau mais la présence d'un certain charme était indéniable.

Elle ne sentit même pas l'intrusion de sir Highlands dans son esprit, une magie plus forte encore la possédait.
Le sceptre était toujours à sa place, une aura noirâtre émanait d'elle. La jeune fille n'y prit pas garde, trop occupé à contempler son ancien camarade de classe.
Son air désespéré l'attendrissait.

C'est lorsqu'il parla de nurserie que Misha sentit que quelque chose clochait. Ce n'était pas un secret, sa maternité, mais elle n'en avait parlé à personne, cette information étant bien trop compromettante pour la sécurité des bambins, surtout dans un lieux comme celui-ci.
Elle se glaça et lui répondit froidement:

-Je crois être assez grande maintenant pour changer mes couches toutes seules... Vous pouvez garder vos nurses pour vos enfants futurs, s'il en vient...

Il ne semblait pourtant pas avoir dit ça avec une mauvaise arrière pensée, et son hoquet trahissait un grand désespoir intérieur. Elle se radoucit et ajouta:

-Mais je serais ravie de visiter ce châteaux en votre compagnie. Il y aura aussi le professeur Alhrune, je suppose. Vous sembliez si proches! C'est un très bon choix...

Elle avait ajouté la dernière phrase avec malice, lui lançant un clin d'oeil complice. Il devait très bien avoir compris de quoi elle parlait. La femme vampire était, comme on appelait ça chez les jeunes, une pure bombe.
Elle faisait sûrement tomber tout les hommes qu'elle voulait... mais ses sorties au grand jour étaient restreinte. Et quiconque la connaissait la nuit s'enfuirait en hurlant... Drôle de contraste.

Etonnamment, le petit pincement au coeur qu'elle avait ressenti dans la pièce voisine recommença. Elle ne comprit pas. De quoi au juste était-elle jalouse?
Refoulant ces pensées troublantes, Misha invita Grynfwald à danser.

-Vous ne pouvez me refuser cette danse, que vous soyiez bon danseur ou pas, c'est le jour de votre mariage! Allons-y.

Sans attendre de réponse, elle lui prit la main et l'entraîna vers la piste. Un morceau de rock, génial, elle adorait ça! Malheureusement, lorsqu'ils arrivèrent, la musique prit fin et un slow prit la suite de la danse endiablée. Beaucoup de gens quittaient la piste, soit trop fatigué, soit n'ayant pas de partenaire.

Très gênée, Misha lâcha la main du jeune homme à regret.

-Euh, vous voulez sûrement la danser avec votre femme. Je ne vous retiens pas...

Elle lui tourna le dos et commença à s'enfoncer dans la foule. Tête baissée et entre les mains, elle la secouait tristement.
Elle regrettait d'être venue, de s'être embarqué dans cette soirée mondaine qui ne lui ressemblait pas. Pire, de se sentir attirée par un homme marié, déjà proche de l'adultère avec son ancienne prof de défense contre les forces du mal...

Elle avait du passer pour une jeune fille indécise et stupide aux yeux de Grynfwald. Mais dans sa paume, elle sentait encore la présence de sa main... Dans une soupière en argent, elle revoyait son regard... il la hantait.

Tremblante, hésitante, elle décida de prendre l'air pour se changer les idées et respirer l'odeur de la campagne.
Le pouvoir du sceptre était efficace sur elle par intermittence, la force qu'elle avait acquise récemment brouillait un peu ce manipulateur extérieur, mais elle n'y mettait pas toute son énergie alors c'était une maigre auto défense.

Elle essaya de pousser la lourde porte sans succès. Elle frappa des poings, sachant pertinemment que ça ne ferait pas avancer les choses. Elle qui croyait être devenue forte... elle ne changerait pas, fuyant toujours devant ses problèmes.
Elle glissa le long de la porte pour finir à genoux devant, les avants bras collés au bois sculptés.

Le tête en avant, des larmes achevaient leur courses sur le sol...
Faiblesse, sensibilité? Misha eut un regain de courage, balayant ses larmes du revers de sa manche.
Restant assise, elle leva les yeux vers le plafond. Qu'allait-elle devenir, cette demi-existence lui suffirait-elle?

Depuis de nombreux mois, elle n'avait pas pensé à Junior. Son image lui revint violemment, par flash. La jeune fille n'eut même pas la force de pleurer, elle seoua la tête et hurla

-Va-t-en! Ne reviens pas me hanter, s'il te plait... c'est déjà si dur...

Les images se firent plus douce. Il sourait tendrement. Misha se calma et sourit à son tour.

-Pardon...[b]

Elle avait compris maintenant, elle suivrait le chemin qu'il venait de lui indiquer. Elle le remercia intérieurement et l'image s'évanouit.

Alhrune avait fort apprécié la visite du château et plus encore la sensation d'être considéré comme un être humain et puis elle avait laissé partir le marié à sa remise des cadeaux. Elle n'en avait pas apporté d'ailleurs, sa présence était déjà en soi une marque d'estime. De toute façon elle doutait qu'il aurait apprécier l'idée d'un flacon de sang frais, non pour sûr cela n'aurait pas été du meilleur effet.

Elle ramena ses longs cheveux dans son dos, dégageant ses épaules et sourit, un sourire d'une femme d'à peine 28ans finalement. Si être vampire avait bien des désavantages elle devait tout de même avouer qu'autrefois aucun homme ne l'aurait regardé comme aujourd'hui.

Elle s'approcha d'un jeune homme bien mis qui l'avait regardé deux ou trois fois à la dérobée. Elle lui sourit et lui offrit un verre de champagne révélant ses dents de vampire qui plus que de l'inquiétude lui firent hausser les sourcils de curiosité. Elle partit d'un rire léger et glissa un "A chacun sa croix" en lui adressant un clin d'oeil.

Ils laissèrent filer une ou deux chansons, trop occupés à leur conversation et elle l'invita à faire un tour sur la piste en invoquant une irrépressible envie de danser. Il sourit, compréhensif, et tous deux rejoignirent les autres danseurs.

Klaus avait senti une légère migraine l'envahir lorsque son ami avait planté cet étrange sceptre, une légère migraine... et une sensation bizarre qui le mit légèrement mal à l'aise durant quelques secondes. Puis se tournant vers sa septième merveille du monde à lui, Cat, il l'embrassa légèrement et lui faisant un clin d'oeil il se leva et l'entraîna à sa suite en dehors de la grande salle.

Il lui sourit et rit légèrement de ses propres âneries avant de l'embrasser plus longuement. Il glissa sa main sur sa joue et murmura:
"ca me rend fou, tous ces hommes, là, avec leurs regards qui glissent sur toi, j'aimerais leur dire que tu n'es qu'à moi, rien qu'à moi."
Il enfouit sa tête contre le cou de son aimée et avec une moue d'enfant boudeur il glissa: "Promets-moi que tu n'aies rien qu'à moi, que tu le seras toujours. Je suis égoïste, Cat, mais je te veux, toi, toute entière, pour moi...rien que toi."

Il l'emmena encore un peu en retrait de la salle comme pour s'isoler définitivement du bruit et saisit sa tête entre ses deux mains.
-Mais avant, laisse-moi te montrer que je ne suis pas fou, que je ne l'ai jamais été. Laisse-toi porter... n'émets aucune résistance.

Il ferma doucement les yeux et sembla se concentrer intensément. Doucement le château s'effaça et Cat et lui se retrouvèrent au beau milieu d'une forêt. Il sourit heureux d'avoir réussi et de constater la mine surprise de sa compagne.

-Non, nous n'avons pas transplanner. Nous sommes en ce moment même dans le château de Grynfwald... sans y être. Regarde comme nos esprits voyagent bien.

Il fit trois pas sans lâcher la main de Catarina:

-Tu sais maintenant où j'erre parfois, ici, ailleurs, partout.

Il se concentra à nouveau et apparut un décor de montagne. Il se jeta dans le vide et ils se retrouvèrent tous deux sur la plage et puis enfin il "ramena" leur esprit au château.

Elle semblait décontenancée, il était heureux. Il espérait qu'elle avait enfin compris, qu'elle le croyait.

-Tu vois, tu sais. Mais ce n'est pas vraiment une bénédiction...Parfois, parfois je ne sais plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas et.. c'est douloureux.. des migraines surtout, d'atroces migraines. C'est pour cela que je suis sous médicament, ce n'est pas, pas parce que je suis fou.
J'avais besoin que tu sâches, maintenant j'ai besoin que tu comprennes. Reste avec moi...je ne veux plus perdre personne, plus jamais.

“ Je crois être assez grande maintenant pour changer mes couches toutes seules... Vous pouvez garder vos nurses pour vos enfants futurs, s'il en vient... ”

Cette phrase… Ce mépris… Tout ça en quelques mots… Quelques mots qui lui transperçaient le corps, lui arrachaient le cœur, tel des flèches avides… Elle se radoucit et continua :

“ Mais je serais ravie de visiter ce châteaux en votre compagnie. Il y aura aussi le professeur Alhrune, je suppose. Vous sembliez si proches! C'est un très bon choix... ”

Te tromper ! JAMAIS !!!!!! Misha était tout ce qu’il avait de plus saint, la personne qu’il idolâtrait et une quelconque vampire ne l’écarterait pas de son éternel amour qu’il vouerait à Misha. Mais une promenade…seul avec elle, était son rêve et il ne voulait le laisser s’échapper… Elle pérorait toujours :

“ Vous ne pouvez me refuser cette danse, que vous soyiez bon danseur ou pas, c'est le jour de votre mariage! Allons-y. ”

Elle lui avait pris la main ! ELLE LUI AVAIT PRIS LA MAIN !!!!!! Son cœur se serra, son corps s’embrasa, il lui semblait marcher sur un nuage… Hélas !!!! Sa chance prit fin, la danse s’achevait, troublée, elle lui lâcha la main.

“ Euh, vous voulez sûrement la danser avec votre femme. Je ne vous retiens pas... ”

Elle se retourna, le laissant seul avec son désespoir. Quand il vit sa femme qui dansait, joyeuse, un éclair de haine passa sur son visage. Misha fuyait toujours. Il vit sa silhouette qui rapetissait et, comme un fou, éperdu, il s’élança à sa suite.

Elle avait quitté la pièce et semblait malheureuse, comme tiraillée entre deux forces qui s’opposaient. Son cœur se gonflait, sa joie amoureuse se changeait en haine, il s’empara d’un vase et le brisa par terre.

Eperdu, il s’arrêta. Il était calmé. Il observait le joli dos de Misha. Son cœur se gonfla. Il était éperdu d’amour, qui était un peu retombée, qui lui avait brisé le cœur, s’emparait de lui à présent. Il voulait faire mille choses mais n’osait pas.

Son oncle s’approcha de Misha. Qu’est ce qu’il lui voulait ce vieux débile. Il sourit agréablement à la jeune fille puis commença :

“ Mademoiselle, je vous ai vu avec mon neveu… et je le connais bien. Vous semblez sans scrupules. Bah, il faut bien que jeunesse se passe… Mais ne l’écartez pas trop du lit conjugal ! ”

QUOI ???? Qu’est ce qu’il disait ce salaud ????? Trépignant de rage, Grynfwald sortit sa baguette et cria : “ Expelliarmus ! ” Il n’était guère doué pour ce sort mais sa rage remplaça sa puissance. Le quinquagénaire se trouva violemment projeté contre le mur. La jeune fille avait glissé par la terre. Il lui donna galamment la main et la garda, heureux de ce doux et chaud contact. Grynfwald glissa alors à l’oreille de Misha :

“ Ma proposition pour la visite guidée du château marche toujours… ”

Catarina venait de passer par dessus l’étrange sensation qu’avait provoqué le sceptre, lorsqu’elle remarqua le léger inconfort de Klaus à sa droite. Elle s’inquiéta, mais ce dernier se retourna et l’embrassa légèrement, de quoi attiser, mais qui ne satisfait pas les ardeurs que l’action provoque. Après un clin d’œil Klaus se leva et commença à l’entraîner vers la sortie de la grande salle. N’étant pas sûre de la politesse d’un tel geste Catarina regarda vers l’avant et vit que tous se préparaient à danser. Elle jugea donc qu’elle pouvait sortir sans que cela soit inconvenant. Elle se laissa entraîner par son bien aimer docilement.

Hors de la salle elle remarqua qu’ils se trouvaient seuls. Elle n’eu pas le temps de faire d’autres constatations que Klaus venait de déposer ses lèvres sur les siennes dans un langoureux baiser. Catarina senti d’innombrables frissons parcourir son corps, elle passa alorsson bras derrière la tête de son bien aimé dans une tentative d’étau pour l’empêcher de mettre fin à se baiser qu’elle appréciait temps depuis les longs mois qu’elle avait passer loin de celui qu’elle aimait. Klaus se retira malgré tout, au désespoir de sa bien aimé. Il appuya ensuite sa douce main sur sa joue.

- Ça me rend fou, tous ces hommes, là, avec leurs regards qui glissent sur toi, j'aimerais leur dire que tu n'es qu'à moi, rien qu'à moi.

Catarina resta légèrement surprise, et même un peu amusé. Elle tenta de réprimer un sourire grandissant, car après tous, lui il était sérieux. L’homme de sa vie enfoui par la suite son visage dans le coup de la jeune femme qui en profita pour le faire prisonnier d’une étreinte. Il continua :

- Promets-moi que tu n'aies rien qu'à moi, que tu le seras toujours. Je suis égoïste, Cat, mais je te veux, toi, toute entière, pour moi...rien que toi.


Elle n’eu pas le temps de répondre, car il voulait lui prouver qu’il n’était pas fou. Après avoir qu’il lui ait saisi la tête entre ses mains le château sembla s’effacer pour laisser place à une magnifique forêt. Catarina resta surprise car elle n’avait pourtant pas senti l’habituelle sensation dégueulasse du transplannage…

- Non, nous n'avons pas transplanner. Nous sommes en ce moment même dans le château de Grynfwald... sans et se succédèrent le paysage montagneux puis la plage et le retour au château qui après y être. Regarde comme nos esprits voyagent bien. Tu sais maintenant où j'erre parfois, ici, ailleurs, partout.

Le voyage continua ce magnifique voyage semblait plus gris et moins attirant. Contrairement à ce qu’elle avait pensé auparavant elle ne voulait plus de château comme celui-ci, elle préférait de loin la nature. Elle était aussi un peu troublée par le pouvoir de son bien aimé. Elle affichait donc une mine décontenancée…

Tu vois, tu sais. Mais ce n'est pas vraiment une bénédiction...Parfois, parfois je ne sais plus ce qui est réel et ce qui ne l'est pas et.. c'est douloureux.. des migraines surtout, d'atroces migraines. C'est pour cela que je suis sous médicament, ce n'est pas, pas parce que je suis fou.
J'avais besoin que tu sâches, maintenant j'ai besoin que tu comprennes. Reste avec moi...je ne veux plus perdre personne, plus jamais.

Ainsi s’était encore cette histoire qui le tracassait? Catarina passa de décontenancer à heureuse presque malicieuse. Le temps d’une petite vengeance pour sa mauvaise blague?

- Je ne sais pas Klaus tu me semble réellement fou…

Elle pouffa de rire incapable de continuer.

- Mais je t’aime tout de même et ne t’en fait pas je t’accepte comme tu est! Et les autres ont beau me regarder, je ne serai jamais qu’à toi!

Après un clin d’œil mi malicieux mi sensuel, elle se jeta dans les bras de son futur époux pour l’embrasser longuement, passionnément. Un élan de passion…Il devait bien y avoir des pièces vides dans se foutu château…

Klaus resta quelques infimes secondes décontenancés devant la phrase de Cat avant qu'elle ne l'embrasse plus que langoureusement dans un élan d'ardeur, de passion... plus que partagé.

Il l'embrassa encore, saisissant son visage entre ses deux mains. Son souffle s'accéléra et lorsqu'il cessa enfin de l'embrassa il la dévorait des yeux comme jamais. De sa main il épousa les formes de celle qui serait sa femme et n'y tenant plus il se jeta dans un couloir.

Il la tirait par la main, l'embrassant, riant, veillant toutefois à séloigner suffisamment du lieu de la réception. Il ne semblait plus que voir qu'elle, elle seule, et plus les secondes passées plus les quelques centimètres qui les séparaient encore lui semblaient atroces, indescriptiblement atroces.

Enfin! Une porte sur sa gauche, il appuya sur la poignée qui fort heureusement était ouverte, leur épargnant les quelques secondes d'attente qui auraient été nécessaires pour lancer un sort pour l'ouvrir. Chance inouïe, ils devaient être dans l'aile de réception car ils se retrouvèrent dans une chambre plus qu'accueillante où tronait un lit tentateur.

Klaus prit soin de refermer derrière lui, puis en "gentleman" qu'il ne serait sûrement plus d'ici quelques minutes il conduisit Catarina par la main jusqu'au lit. Il passa sa main sur le cou de Catarina en y écartant les cheveux et soucieux bien qu'ayant du mal à rester paisible il osa demander:

-Tu es sûre Cat? Tu ne regretteras...

Il n'avait pas eu le temps de finir sa phrase que Cat l'embrassait passionément, visiblement elle était aussi sûre que lui. Alors lentement il se défit de ce costard ridicule et se laissa glisser dans l'écrin pourpre des draps avec à ses côtés la femme de ses rêves.

Une brève pensée traversa son esprit: "Le paradis me semble bien fade désormais. Rien ne vaut la vie."

La passion peut vous envahir subitement. En moins de temps qu’il faut pour vous en rendre compte elle vous domine, vous pousse. Dans un élan émotionnelle vous vous retrouvez à vivre au rythme des pulsions, au plus basic des instinct de l’humanité. Et bien que vous êtes conscient de tout ce qui se passe vous êtes tellement bien dans cette nuée de bonheur quasi érotique que rien ne vous en fait dévié.

La passion Catarina en était victime à se moment même. Mais pouvait-on parler de victime, alors qu’elle-même s’était laissée gagné par la passion, sans même résister alors qu’elle aurait pu y mettre un terme? Il n’y avait en vérité aucune victime ici. Il n’y avait que deux êtres qui étaient fait pour aller ensemble et qui à cet instant précis étaient tous deux prient dans le tourbillon passionné de leurs émotions.

Il l’embrassait passionnément et elle le lui rendait. Après avoir prit le visage de Catarina dans ses mains ce qui ne manqua pas de provoquer des bouffés de chaleurs ardentes à la jeune femme, il détailla le corps de la jeune femme. En proie à la passion Catarina avait hâte que se supplice s’achève et qu’ils se retrouvent enfin seul dans un endroit inoccupé…Seuls…

Klaus la prit par la main et la tira dans le couloir et bien que Catarina l’embrassait fougueusement à tous les trois pas, ils avancèrent tout de même assez rapidement dans le domaine. Klaus aperçut une porte, au grand soulagement de Catarina qui ne pouvait tout simplement plus résister à l’envi de sauter sur son bien aimé. Elle l’accota dans la porte et Klaus du revers de la main réussis tant bien que mal et ouvrir la poigné et à pénétrer dans la chambre. Il referma la porte derrière lui et alla galamment reconduire Catarina vers le lit de la chambre. Il sembla quelque peux mal à l’aise et entama une phrase :

- Tu es sûre Cat? Tu ne regretteras...

Catarina n’en pouvais plus et bien qu’il eu fait son mignon petit bonhomme, il était temps de se taire. Apparemment il sous-estimait un peu l’ardeur de la passion qu’éprouvais Catarina, mais se laissa complètement aller lorsque Catarina le contraint à se taire à coup de baiser langoureux. La jeune femme eu un sourire malicieux, car elle sentait d’humeur plus dominante qu’a son habitude. Elle passa ses jambes de chaque cotés du corps de son Klaus et de ses mains elle bloqua les siennes, il était désormais dans l’incapacité de bouger.

- Je t’aime Klaus…

Elle eu un légère pensé comme quoi La vie valait la peine d’être vécu, lorsqu’on la vivait à cent pour cent!

Misha était revenue dans la salle après avoir séchée ses larmes et repris courage. Toute cette force nouvelle s'effondra lorsqu'elle vit Grynfwald près d'un vase brisé et sa femme, non loin qui s'amusait follement.
Elle eut un sourire moqueur, mais triste. Elle n'entrerait jamais dans ce monde. Par respect pour sa femme, elle ne fréquenterait pas Grynfwald.

Un vieil homme l'aborda, d'après ses paroles, il était l'oncle du marié. Ses paroles la figèrent. Il était très observateur. Elle allait lui répondre qu'il n'allait rien se passer entre elle et son neveu lorsqu'il vola en direction du mur.
Atterrée, elle recula, trébucha et tomba. Un rayon de soleil l'aveugla, elle saisit la main qu'on lui tendait. Chaude, amicale. Elle sourit. Une fois debout elle reconnue le gentleman: Grynfwald! Elle ne pouvait s'esquiver, sa main dans la sienne, cela aurait été trop voyant.

Paniquée, elle regarda tout autour d'elle. Il lui glissa quelques mots à l'oreille. D'une tendresse infinie, elle fondit. Balayée ses raisons, elle s'offrit à sa passion grandissante.
Inclinant la tête en signe d'acquiescement, ses yeux retrouvèrent quelques secondes, leur pétillant d'antan.

Ils s'éclipsèrent discrètement par une porte dérobée située à leur droite. Le sir connaissait beaucoup des raccourcis de sa demeure et c'était bien pratique.
Avec une fausse curiosité elle lui posa des questions sur l'architecture du bâtiment. Une tapisserie attira vraiment son regard et elle s'arrêta pour l'admirer.

Au premier plan deux sorciers se faisaient face, la baguette croisée en signe de combat. Un duel... leur regard en disait long sur leurs intentions. Elle fit un pas en avant et leva la tête. Lorsqu'elle se retourna pour demander qui était ces deux personnages, elle trouva le visage de Grynfwald penché à quelques centimètres du sien.

Il n'était pas particulièrement beau ni particulièrement attirant. Mais son regard, malgré le fort désir qu'il exprimait, gardait une douceur et une tendresse étonnante. Misha rougit. Elle n'osait bouger.

Elle devint entreprenante, le saisissant presque brutalement par le col, l'attirant à elle. Sans l'embrasser, elle gardait son visage tout près du sien, exacerbant l'envie du jeune homme. Souriante, elle fit un pas en arrière et s'éloigna brusquement de lui.

Elle savait qu'il en aurait vite marre qu'elle joue avec lui. Mais c'était son moyen à elle, un peu fripon, de dire qu'elle était en pleine possession de ses moyens et que si l'on pouvait la croire faible et sans défense, elle avait aussi ses armes.

Le bal continuait son cours, tranquillement. La jeune fille savait que la disparition du marié serait vite remarquée, ils avaient peu de temps à passer tout les deux.

SA main était chaude, SA main était douce. Son contact faisait de son cœur un brasier brûlant. Il manquait se pâmer d’émotion quand ils parcouraient, sa main contre les siennes, les frais couloirs de son domaine, autrefois si triste. Il sentait poindre la gaieté partout ou se posait le regard. Les noires étoffes étaient couleurs de fête, le bruissement des saules et le croassement des corbeaux semblaient la musique d‘un calme jardin, soupirant d’aise sous la ramure…

Il sentait la caresse de sa peau lorsqu’elle le frôlait, dans un frisson d’étoffes. Son cœur palpitait, il ne l’avait jamais tant aimée. Ses belles boucles brunes retombaient avec grâce sur sa nuque, il en aimait l’éclat de jais.

Son corps frêle se balançait dans le couloir. Sa robe était sobre mis elle était charmante. Il entrevoyait ses chevilles, façonnées pour une amante, ses douces épaules, couleur d’opale. Il l’aimait.

Elle s’arrêta. Elle tourna la tête vers lui. Il murmura un « je t’aime… » si faible qu’elle ne dût l’entendre. Son cœur était brûlant. Une passion torride s’emparait de tout son être. Il n’en pouvait plus. Son amour l’étouffait.

Cueillir le goût sucré de ses lèvres de nacre…

Il n’était plus que tendresse. Son regard balayait le sculptural visage de sa bien-aimée. Il approcha sa tête. Lentement. Très lentement.

Elle le prit par le col puis le repoussa. Il avait toujours gardé sa main. Il s’empara de l’autre. Il la posa sur son cœur. L’amour parcourait son corps tout entier, le faisant tressaillir.

Alors ses lèvres s’approchèrent. Doucement. Elles se plaquèrent sur sa joue à la commissure de ses lèvres. Il revint en arrière. Il la plaqua contre sa poitrine. Il l’embrassa sur le front, humectant ses doux cheveux fous.

Enfin il l’embrassa. Explosion en lui-même de joie et d’ivresse. Il se gorgeait de ses lèvres, sentant la chaleur de son corps palpitant contre le sien.

L’amour expirait au bout de ses lèvres…

Misha colla son corps contre celui en ébullition de Grynfwald. De la chaleur, tout ce qu'elle voulait, tout ce dont elle avait besoin. Elle se pressa un peu plus contre lui, cherchant à joindre chaque parcelle de son corps à celui de Grynfwald.

Ses manières l'avaient séduite et charmée, il s'était plus ou moins contrôlé avant de prendre sa bouche. Un point noir au tableau la rendait pourtant mal à l'aise. Il était évident que l'homme qu'elle embrassait était fou amoureux d'elle.

Or, Misha craignait que la réciproque ne soi vrai. Elle était attiré, charmé et tout ce que l'on voulait, mais son amour restait bloqué, comme si une digue l'empêchait de sortir et de déferler en elle. Evidemment le barrage avait un nom...

Elle qui croyait être passé à autre chose, avoir admis la mort de son amant et père de ses enfants, elle ne pouvait se résoudre si tôt à accorder son amour.
Pourtant, dieu qu'elle le désirait, ce corps qu'elle sentait vivre tout contre elle! Mais n'était-ce rien d'autre qu'une pulsion animale, un manque latent d'un plaisir jouissif, celui d'appartenir et de posséder quelqu'un?

Son honnêteté l'empêchait de donner de faux espoirs à Grynfwald, mais sa franchise lui interdisait de l'en informer, car elle même n'était pas sûre, alors à quoi bon le faire souffrir avec ses doutes?

Elle lui rendit son baiser qui, s'il n'était pas chargé d'amour, était plein de sensualité et de détermination. Elle savait ce qu'elle voulait.

Le plaquant contre le mur, leurs échanges buccaux s'intensifièrent, l'homme ferait-il un premier pas vers une union corporelle ou serait-il sage au point de mettre un terme à leurs ébats et de retourner au bal pour ne pas éveiller l'attention?

Perdu dans ses bras, il l’aimait. Il n’en finissait pas. Il l’embrassait encore et encore, brûlant la fougue de sa belle jeunesse dans un élan passionné. Il l’aimait.

Il leva la tête vers sa dulcinée. Une fièvre brûlait dans son regard mais… elle semblait légèrement… passive, comme si elle attendait quelque chose.

Il referma ses bras sur son dos pour la plaquer plus fortement contre lui, palper sous ses doigts cette peau tendrement chérie qui le faisait rêver, qui le hantait depuis des mois.

Il étouffait de bonheur. Le contact de la peau tant aimée lui brûlait presque la sienne. Misha leva les yeux vers lui. Alors, lentement, très lentement, il commença à dégrafer son corsage.

Il la serra encore plus fort contre sa peau brûlante. Son front était fiévreux. Etroitement enlacés, il la conduisit dans une grande chambre vêtue de dais rouge. Elle respirait avec les deux amants. Tout semblait évoquer l’amour.

Il la poussa contre le lit. Ils tombèrent en riant. Sur le grand lit à baldaquin, un cupidon de bois, son arc à la main semblait sourire.

Il se dévêtirent et s’embrassèrent encore une fois. Il l’aimait. Il soupirait de bonheur, au contact de sa peau brûlante contre la chair de celle à qui il vouait un amour sans bornes.

Langoureusement, ils s’aimèrent.

Misha était allongé près de Grynfwald. Elle savait que le temps imparti était écoulé et qu'il leur fallait rejoindre l'assemblée.
Elle se releva à demi et se pencha sur le corps somnolant de son amant.

-Je sais que tu m'aimes...

Il ne répondit rien, peut-être dormait-il?

-Je ne te demanderais jamais rien, juste cette faveur. S'il m'arrivait quelque chose, protge mes fils.

Elle n'attendit pas de réponse et enchaîna.

-Le feras-tu? Promets-le moi? s'il te plait...

Reprenant place dans le lit, elle fixa le plafond avant de se lever pour se rhabiller. Ils étaient vraiment en retard.
Elle observa le corps de l'homme encore allongé. Accepterait-il? Elle ne doutait pas de sa parole mais encore fallait-il qu'il la lui donne.

Elle ne voulait imposer ce fardeau à personne mais ses fils méritaient d'avoir un avenir.

Elle s'assit sur ce lit qui avait bercé une idylle fugitive et sourit au visage éternellement tendre de Grynfwald. Elle l'embrassa sur le front et alla l'attendre à l'extérieur.

Pourquoi avait-elle soudainement songé à ses enfants? Quel pressentiment, quel mauvais présage l'avait poussé à demander une pareille faveur?

La jeune fille tourna la tête vers la fenêtre à sa gauche. Son avenir semblait tout tracé, mère célibataire élevant deux enfants, elle pourrait enchaîner des petits boulots pour subsister. Après le premier anniversaire des jumeaux elle avait l'intention de retourner en Egypte et d'en faire le pays d'adoption de sa famille.

Grynfwald n'était qu'une passade, elle ne pourrait pas entretenir des liens avec un homme marié. Elle profitait aujourd'hui pour ne rien regretter demain.

Elle acceptait le chemin que la vie lui imposait, que lui restait-il d'autre? Assise dans ce couloir où la pierre froide vous gèle le postérieur, elle ne doutait pas, ne doutait plus.

Grynfwald était heureux. Il avait enfin comblé l’unique désir de sa vie. Débordant de bonheur, il caressait la peau douce et délicate de Misha. Celle-ci se releva à demi.

« Je sais que tu m'aimes... »

Il ne dit rien. Il le savait depuis le début. Il avait essayé de se tromper lui-même jusqu’à la dernière minute, s’énivrant, se noyant dans la peau de Misha.

« Je ne te demanderais jamais rien, juste cette faveur. S'il m'arrivait quelque chose, protège mes fils. Le feras-tu? Promets-le moi? s'il te plait... »

Il se rhabilla lentement, voulant profiter au maximum de ses dernières secondes de bonheur. Il avait bu jusqu’à la lie le calice du bonheur ; il devrait désormais s’énivrer avec le vin capiteux de l’oubli. Il ne lui resterait plus que son désespoir d’homme. Un homme… comme les autres.

Grynfwald of Highlands, ce n’était pas Cape-Noire, sur lequel les mers houleuses du Pacifique répandaient leur fureur, ce n’était pas le cousin de Lucius Malefoy, ni même le futur Laird, ce n’était pas " De sproeier ", celui qui sème la mort, le héros des mers australes, ce n’était pas l’Ecossais aux doigts d’or, qui contre vents et faillites se taillait une fortune à la mesure de son ambition, c’était… juste un homme, rien qu’un homme.

Finis ses rêves chimériques de gloire et d’honneur, la poussière de pourpre s’étalant sur les patères d’or, le palais aux mille colonnes de marbre, le digne successeur de Circé et de Merlin. Ce n’était plus qu’un homme qui souffrait.

Il enfilait sa chemise de soie. De dépit, il arracha les boutons de manchettes, puis les fines courbatures d’or ouvragées sur sa chemise. Il n’avait plus besoin de ces ornements, maintenant. Il sortit.

Misha l’attendait. Ses yeux se levèrent vers lui.

« Je te le promets. »

Il l’embrassa.

« Adieu. »

Elle leva les yeux. Il s’était déjà tourné, sa cape s’envolant derrière lui. Deux perles de lumière suintaient de ses yeux…