Comme il m’est venu un jour l’idée de tout retranscrire dans ce petit carnet noir, je crois que l’idée de rédiger pour moi, et moi seul m’est venu le lendemain, car le jour même j’étais encore sous le charme, sous son charme.
J’avais compris alors que l’écriture peut être quelque chose d’égoïste. Un secret que j’écris, mais que je ne souhaite pas partager avec quiconque. Si j’écris aujourd’hui, ce n’est pas pour les autres, mais pour moi. Pour dégager de mon âme cette émotion si unique, qui en même temps est un fléau et une bénédiction.
J’avais hérité de mon oncle décédé quelques mois plus tôt d’un petit chalet au sud de la Norvège. Ce cher tonton avec qui j’avais passé ma plus tendre enfance à jouer au « poliziesco ed al ladro » dans la ville d'Oslo. Le nom de notre jeu était italien car il en était d’origine. Il avait fuit l’Italie en 1942 pour éviter le fascisme.
Mais se courir l’un après l’autre n’était pas notre unique jeu ; mon oncle avait un certain talent pour me raconter des histoires, fantastiques pour la plupart, qui m’impressionnaient bambin. Il m’avait un jour parlé d’une cabane qu’il détenait dans les montagnes de Geilo. C’est là bas, que, d’après lui, il avait connu ce phénomène féerique dont il se remettait à peine.
Je ne su, à mon grand malheur, jamais ce qu’était ce phénomène, car il semblait bien qu’à son évocation, mon oncle se trouvait plongé dans une vieille nostalgie.
Prenant des vacances bien méritées, ou plutôt, fuyant la ville, cet enfer de bruits et de pollution, je pris le premier avion pour Oslo. J’empruntais une voiture à l’aéroport et rejoignit, à l’aide d’une antique carte donnée par mon père, qu’il avait sortit du grenier à ma demande, le dit chalet. Ah oui, j’ai oublié de dire que dans sa lettre d’adieu, mon oncle m'a offert une grande écailles verte, je crois que plus tard, j’ai compris sa signification.
C’était une vieille baraque en bois, rempli de poussière et d’araignée, dont les murs et la porte étaient rongés par des mites. Cependant, elle se trouvait au milieu d’une gigantesque forêt, remplie de grand sapins, haut comme des grattes ciels. Après quelques escapades en forêt, je découvris un lac, enfin, le lac.
L’eau était incroyablement chaude pour la saison, il devait y avoir une source non loin. Le lendemain, je comptais m’y baigner. J’y retournais comme prévu, mais une fois arrivé, j’aperçu une femme sur l’autre rive, se baignant au milieu du lac. Ses longs cheveux blond tombaient jusqu’à la courbe de son dos, et seules deux mèches choyais sur son visage, pour finir à sa taille, couvrant le bout de ses seins.
Caché parmis les arbres, je l’observais. Contemplant son corps nue et rougissant comme un adolescent, je n’osais me montrer, victime d’une timidité que je ne me connaissais pas. Elle était là, nageant avec grâce au milieu du grand lac. Je finis toute fois par sortir de ma cachette, la saluant de la main.
Elle releva la tête, affolée. Et ses grand yeux bleus azurs me fixèrent comme un étranger. Des yeux profond, comme si dans chacun d’eux un autre monde était accessible. J’avais alors l’impression de quitter le sol pour plonger dans cet univers qui s’offrait à moi. Mais ces deux grandes abysses se détournèrent de moi. Comme pour me dire « Tu n’es pas près. ».
Elle plongea alors, et encore sous le choc, je ne put réagir que quelque secondes plus tard. Tout habillé je sautais dans l’eau à sa recherche. L’intérieur du lac était étrangement clair, mais je ne le vis pas, avait elle pu alors aller encore plus profondément dans le lac ? Non impossible, aucun humain ne le peut…
Quand l’air finit par me manquer, je mis à remonter, sur mon chemin, une écaille verte fluorécente, si semblable à… Je la saisis d’une main et j’immergeais de l’eau. Reprenant mon souffle pendant plusieurs secondes.
Je me rappelais alors une phrase de mon oncle ;
L’important tu sais gamin, ce n’est pas de voir, mais de croire ! Ne cherche pas des preuves, croit.
Pourquoi tu me dis ça le vieux ?
Ah ah, un jour sûrement tu comprendras.
Je sortis alors pour me sécher, lançant un dernier regard au lac. Une fois sec, je saisis dans mes affaires le petit carnet sur lequel j’écris pour retranscrire tout ce qui vient d’être lu. Peut être pour laisser une trace après tout. J’ai pris l’écaille de mon oncle et la mienne, elles doivent appartenir au même être car la couleur et la forme est identique.
Il est maintenant plus que temps que je m’en aille, je ne l’ai pas, vu, mais je crois en elle. Je pars plonger au lac, je crois que je comprends mon oncle, oui je comprends ce que tu voulais me dire…